La violence qui sévit depuis quatre années ne se dément pas en Irak où des summums d'atrocité ont été commis en 2006. A partir d'informations collectées auprès des hôpitaux, des morgues et du ministère irakien de la Santé, les Nations unies ont établi des statistiques sinistres sur l'Irak qui montrent que plus de 34.000 Irakiens sont morts dans le courant de l'année passée, pratiquement à raison de plus de 100 morts par jour lors des derniers six mois. Le bilan sécuritaire en Irak, et particulièrement dans la capitale Baghdad, est à tout le moins catastrophique et indique mieux que n'importe quelle étude l'inanité des efforts que «déploie» le gouvernement irakien, à partir de sa forteresse de la Zone Verte, hyperprotégée, alors que les milices, notamment chiites, sont maîtresses des lieux. A ces morts s'ajoutent, selon le bilan onusien, plus de 36.000 blessés, alors que l'horreur, ce sont encore les 16.000 cadavres, «non identifiés», «stockés» dans les morgues de la capitale et d'autres villes irakiennes, selon un rapport du ministère irakien de la Santé, rendu public la semaine dernière. Le rapport bimensuel sur les droits de l'Homme, publié hier par l'ONU, indique, également, que pour les mois de novembre et décembre 2006 «6367 civils ont été tués et au moins 6875 blessés dans des actes de violence en novembre-décembre, ce qui porte à 34.452 le nombre total de civils tués et à 36.685 celui des blessés au cours de l'année 2006». «La situation est particulièrement grave à Baghdad, où la plus grande partie des personnes tuées et des corps non identifiés retrouvés quotidiennement portent également des traces de torture», ont souligné, par ailleurs, les Nations unies. L'ONU précise, d'autre part, que «La capacité du nouveau plan de sécurité à réellement améliorer la vie en Irak, dépendra du programme de réformes qui doit l'accompagner afin de renforcer le règne de la loi et d'apporter la justice à tous les Irakiens». Le rapport, sus-cité, indique enfin que quelque 30.842 Irakiens sont actuellement détenus par la Force multinationale et les autorités irakiennes, sans être mis en accusation. En dépit de la multitude de plans censés mettre un terme au chaos et rétablir la sécurité dans le pays, la violence ne s'est jamais démentie, bien au contraire, il ne se passe pas de jours sans que ne soit signalé un carnage, une attaque ou des attentats en Irak. Comme cela a été le cas hier à Baghdad ou au moins 48 personnes ont été tuées et plus de 70 autres blessés (dont 21 étudiants tués dans une explosion d'une bombe près de l'Université Moustansiryah) dans une vague d'attentats, dont quinze dans un double attentat à la bombe dans le centre de la capitale, ont indiqué les service de sécurité. Aucun plan organisé par les autorités de la «Zone Verte» n'a, jusqu'à ce jour, réussi à sécuriser la capitale, principal point de concentration de la violence de laquelle le gouvernement du Premier ministre, Nouri Al Maliki, n'arrive pas à venir à bout. Ce qui n'empêche pas ses services d'annoncer un nouveau plan de sécurité pour Baghdad, qui doit, selon ses concepteurs, être mis en oeuvre dans les prochains jours, alors que le précédent plan qui a vu la mobilisation de 30.000 policiers irakiens et 15.000 GI's américains à Baghdad avait lamentablement échoué. De fait, commentant le nouveau plan envisagé, le général George Casey, chef d'état-major, a estimé que le plan en question «ne présente pas de garantie de succès» et souligne: «Il n'y a pas de garantie de succès, cela ne se fera pas en une nuit». «Mais, poursuit le général Casey, avec des efforts soutenus, cela peut marcher» qui précise, par ailleurs, que «les premiers éléments sont déjà sur place» faisant allusion aux 17.500 soldats américains supplémentaires promis par le président George W.Bush en renfort pour la capitale irakienne. «Tous les quartiers de Baghdad seront traités sur un pied d'égalité: nous viserons tous ceux qui violent la loi», a, d'autre part, averti le général américain, en réponse à une question sur Sadr City, le bastion des milices chiites accusées de nombreuses exactions et qui est aujourd'hui une zone de non-droit pour les autorités irakiennes. «Le Premier ministre irakien a été très clair: les milices ne seront pas autorisées à former une alternative à l'Etat et à prendre en charge la sécurité», a affirmé le général Casey faisant référence aux déclarations d'Al Maliki lequel a annoncé la semaine dernière, la mise en oeuvre dans les prochains jours d'un plan de sécurité de la capitale par les forces de sécurité irakiennes, avec le soutien de l'armée américaine. Une simple variante d'un précédent plan qui n'a donné aucun résultat, Baghdad demeurant sous l'emprise de la violence où chaque jour des attentats meurtriers sont commis alors que des cadavres de personnes exécutées et torturées sont quotidiennement découverts dans la capitale et dans sa périphérie.