A quelques semaines du sommet arabe ordinaire de Riyad, une réunion va rassembler, les prochains jours, des chefs d'Etat arabes à Tripoli C'est du moins ce qu'annonçait, vendredi, le raïs égyptien, Hosni Moubarak, selon lequel un mini-sommet réunira quelques chefs d'Etat arabes -dont les présidents algérien, Abdelaziz Bouteflika, tunisien Zine El Abdine Ben Ali, soudanais, Hassan Omar El- Bechir, outre le raïs égyptien- autour du guide libyen Mouamar El Khadafi. Sommet, est-il précisé, qui examinera la situation en «Afrique et au Proche-Orient». Toutefois, on peut dès lors se demander pourquoi n'avoir pas invité le président somalien, Abdullahi Yusuf Ahmed et le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, dont le pays a largement contribué au basculement de la situation en Somalie, ou encore le chef d'Etat tchadien, Idriss Deby Ito, dont le pays est aux prises avec une rébellion armée. Aussi, examiner les problèmes, du moins certains d'entre eux, sans la présence des principaux acteurs de ces évènements ne risque pas d'apporter les réponses -sans doute attendues- aptes à résoudre des crises qui, certes, perturbent l'évolution, notamment dans la Corne de l'Afrique l'une des régions africaines la plus sous-développée. D'autre part, un sommet arabe restreint ne s'explique pas à quelques encablures du sommet ordinaire qui se tiendra les 28, 29 et 30 mars prochain à Riyad en Arabie Saoudite. Il est, cependant, évident qu'un tel sommet pouvait, dans tous les cas de figure, se justifier s'il avait eu à traiter des crises multiformes en Irak -qui s'enfonce chaque jour dans la violence le rapprochant du point de non-retour- au Liban -ou le spectre de la guerre civile des années 70 reste suspendu sur le pays du Cèdre- et singulièrement du cas des Palestiniens qui luttent depuis soixante années pour faire valoir leur droit de jouir des libertés et à l'érection de leur Etat indépendant. Se peut-il, aussi, que la réunion de Tripoli prenne en charge l'inquiétante implantation de bases d'Al Qaîda, via le Gspc, dans la bande du Sahel? Mais, on peut supposer que l'ordre du jour du sommet restreint de Tripoli n'abordera pas des sujets aussi «brûlants» qu'instables et se limitera sans doute à une approche plus terre à terre consistant à domestiquer, un tant soit peu, le fougueux leader libyen, très capable -par un boycott des assises saoudiennes et/ou par l'une de ses déclarations intempestives dont il a le secret- de contrarier le prochain sommet de Riyad qu'organise son «ennemi intime» le roi Abdallah d'Arabie Saoudite. C'est en tout état de cause l'une des hypothèses qui viennent à l'esprit connaissant les relations tendues entre Libyens et Saoudiens. Sinon, ce ne sont pas, en effet, les problèmes, dont l'importance est vitale, réclamant l'intérêt des chefs d'Etat arabes qui manquent pour ne citer que les situations explosives qui sont celles de l'Irak et des territoires palestiniens occupés. Deux cas, justement, laissés à l'entière discrétion des Américains et des Européens, comme s'ils ne concernent en rien les Arabes et le devenir du monde arabe. Arabes d'ailleurs catégorisés par l'Occident en Arabes «modérés» comme ne cesse de le répéter ces derniers jours la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, singulièrement lors de sa tournée au Proche-Orient, et ‘'Arabes'' qui sont quoi? D'abord c'est quoi «modérés» et par rapport à quoi, à qui? A leur peuple? étouffés par les autoritarismes de leurs dirigeants? ou par rapport aux puissances de l'heure, à leur tête les Etats-Unis d'Amérique qui, dans l'absolu, décident pour un monde arabe dont les dirigeants sont plus préoccupés par la pérennité de leur pouvoir que réellement désireux de faire changer l'ordre des choses. A moins que la réunion de Tripoli veuille examiner les dernières déclarations du président américain, George W.Bush sur l'Irak et de sa secrétaire d'Etat, Mme Rice, sur le Proche-Orient, apportant ainsi une réponse concertée et argumentée de représentants du monde arabe, et pourquoi pas des propositions de solutions, quant aux problèmes et situations prévalant actuellement dans cette région du monde? Or, le moins qui puisse être affirmé est que l'on n'en est pas là! D'autant plus, que l'on sait l'accueil qui a été fait en 2002 à l'appel à la paix du Sommet arabe de Beyrouth et le rejet par Israël, avec la complicité de Washington, du plan arabe de sortie de la crise israélo-palestinienne par la mise en application du principe de l'échange de la paix contre la terre, principe universel et irréfutable. Alors, au risque de nous répéter, pourquoi se réunir à Tripoli maintenant quand des occasions plus propices se sont offertes aux (dirigeants) Arabes pour faire entendre leurs voix alors qu'ils sont quasiment absents des forums internationaux où sans doute ils auraient eu quelque chose à dire, du moins à défendre, un tant soit peu, un monde arabe malmené par les puissants de ce monde où les Arabes ne semblent pas avoir droit de cité.