Elle veut asseoir une sécurité énergétique pour les futures générations en investissant dans le domaine nucléaire. L'Algérie et la Russie se sont mis d'accord sur le principe de «développer dans le futur une coopération dans le domaine de l'énergie nucléaire». Cette déclaration émane du ministre russe de l'Industrie et de l'Energie, M.Victor Khristenko, en visite cette semaine en Algérie pour signer des accords stratégiques portant sur l'exploration et la commercialisation du gaz algérien avec un investissement prévu estimé à hauteur de 3 à 4 milliards de dollars, selon les autorités algériennes. Elle a été faite après la signature, dimanche dernier, d'un «mémorandum d'entente et de coopération» dans l'énergie. Les deux pays sont appelés, dans ce cadre de partenariat, à lancer «des contacts entre experts des deux pays pour étudier les possibilités de coopération bilatérale et déterminer des sphères d'une éventuelle coopération dans ce sens (nucléaire) et j'espère qu'on pourra commencer ce travail bientôt», a, notamment, déclaré M.Khristenko, qui n'a pas caché sa satisfaction. L'Algérie, pays riche en hydrocarbures, richesse non renouvelable faut-il le rappeler, n'a jamais caché son intérêt pour l'énergie nucléaire afin d'assurer une sécurité énergétique pour les futures générations. Notre pays dispose déjà de deux réacteurs nucléaires expérimentaux en activité depuis 1995 à Draria (Alger) et Ain Ouessara sous garantie de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (Aiea). Le 09 janvier dernier, le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, avait, lors de son intervention à l'occasion de l'ouverture de la conférence d'Alger sur les applications de l'énergie nucléaire en Afrique, soutenu le droit de l'Afrique à «tirer profit des progrès scientifiques et technologiques enregistrés dans le domaine nucléaire civil», relevant dans la foulée qu'«il y a un regain perceptible d'intérêt pour l'énergie nucléaire et son utilisation juste et démocratique à des fins exclusivement pacifiques». Particulièrement dans le continent africain où cette alternative s'impose pour un développement durable. Il a, d'ailleurs, à cet égard, précisé que les applications de cette nouvelle source d'énergie propre et adaptée à l'environnement «ne sont pas hors de la portée des pays en développement et ne doivent pas constituer un privilège dont ne bénéficieraient que les pays dotés de bases industrielles et technologiques importantes». Un monopole de plus en plus contesté par les pays qui cherchent à sortir du cercle du sous-développement en demandant leur part de la nouvelle technologie dans ses applications hors énergétique, notamment dans les domaines de la santé, de l'agriculture, de l'industrie et de l'environnement. Ce qui est présentement le cas de l'Algérie qui postule à jouer le rôle de locomotive dans ce domaine en Afrique. Cette revendication s'accompagne de celle qui consiste à appuyer l'urgence d'accélérer le processus de ratification devant permettre l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction des essais nucléaires. Un processus qui tend, aux yeux du chef de l'Etat, à «contribuer à un meilleur respect des principes fondamentaux qui déterminent l'avenir de la sécurité mondiale en décourageant la course aux armements dans ses dimensions tant horizontales que verticales». Seul moyen d'enrayer concrètement la menace qui pèse sur la sécurité planétaire. Cette nouvelle approche de l'Algérie par rapport au dossier de l'usage du nucléaire à des fins pacifiques, brise le complexe que veulent entretenir l'Occident, les USA et l'Union européenne, vis-à-vis du reste du monde, l'empêchant de s'adjuger les outils de la nouvelle technologie pour sortir de l'ère du sous-développement. La disponibilité affichée dans ce sens par les Iraniens, qui n'ont pas hésité à offrir une aide pour permettre à l'Algérie de renforcer son potentiel et son savoir-faire en la matière, est un signe fort du refus de se soumettre au diktat imposé par les plus forts. La campagne médiatique hostile du Royaume-Uni, qui a suivi dans les années 90 l'annonce de la construction de l'Algérie d'une centrale nucléaire à Aïn Ouessara, avait beaucoup nui à limage de l'Algérie sur le plan international. Mais cette situation ne l'a pas empêchée de poursuivre, normalement, son programme dans ce sens. Le voisin marocain s'est aussi intéressé à ce domaine, ce qui montre bien que la technologie du nucléaire n'est plus un tabou. L'Afrique toute entière est mobilisée pour jouer un rôle dans cette nouvelle stratégie du développement durable orientée sur l'utilisation de cette source énergétique.