Près de 3000 enfants naissent chaque année en Algérie hors mariage. Le sujet des enfants illégitimes est rarement évoqué, car cela sous-entend non seulement grossesse illégitime qui constitue chez nous un tabou côté social, mais aussi un pécher côté religion. Or, le nombre d'enfants nés de relation illégales est en hausse permanente. Les pressions sociales de toutes sortes et le faible équipement du pays en centres d'accueil semblent être les causes principales du nombre d'enfants abandonnés. Devant l'ampleur de ce problème, faudrait-il se résigner, continuer à cacher cette vérité et laisser ces innocents livrés à un avenir incertain (pourtant ils n'ont ni choisi leurs parents ni demandé à venir au monde), ou bien, en parler et affronter ce fléau, pour offrir à ces enfants un cadre de vie digne et meilleur. Il est temps que les pouvoirs publics réagissent en ce sens. Le projet de loi sur la recherche de l'identité des enfants nés de relations illégitimes sera prochainement soumis au gouvernement pour débat. C'est ce qu'a affirmé le directeur chargé des établissements spécialisés au ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale, M.Hachemi Nourine. Mais il faudra attendre encore combien de temps pour son application? Le projet de loi vise à confirmer la paternité d'un enfant par des tests ADN. Opération déjà utilisée dans plusieurs pays. Désormais, les pères présumés sont contraints de subir des tests ADN afin de confirmer la paternité de l'enfant et lever ainsi toute équivoque sur cette question. Quant à la mère, celle-ci sera protégée dans le cadre de la qafala tel qu'il a été mentionné dans le registre des traditions de solidarité algérienne. Elle aura aussi droit à toutes les facilités de la part de l'Etat pendant la période de l'allaitement, mais aussi à une formation dans un centre spécialisé ainsi qu'un emploi afin de lui éviter une vie difficile. Le père, par ailleurs, n'est pas obligé d'épouser la mère, mais le département de la justice prendra en charge les suites qui découlent de cette affaire. Quant aux parents qui acceptent le retour de leur fille au foyer familial, ceux-ci bénéficieront, si leur cas nécessite une intervention de l'Etat, d'une aide financière mensuelle afin de permettre une vie «acceptable» à la mère et l'enfant. Une étude élaborée par l'association «Amie des enfants abandonnés et en difficulté» fait ressortir que pendant deux années et demie, 87 naissances illégitimes ont été enregistrées au niveau de la wilaya de Boumerdès, 798 à Alger et 12.900 au niveau national. L'âge moyen des mères biologiques se situe entre 26 et 30 ans, elles sont d'un niveau d'instruction bas ou moyen. 78,4% des mères sont célibataires et sans profession. Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, M.Djamel Ould Abbès, avait affirmé, en novembre dernier, que 3000 enfants naissent chaque année en Algérie hors mariage, affirmant que près de 13.800 enfants illégitimes ont été pris en charge dans le cadre de la qafala. Le projet élaboré par le ministère, ces derniers mois, prend également en charge les enfants victimes de la tragédie nationale, d'identité inconnue. M.Nourine a rappelé, à ce propos, que près de 700 enfants, victimes de la tragédie nationale, d'identité inconnue ont été recensés lors de la rencontre de juillet 2005 à Tipaza, soulignant, en outre, l'importance de la protection de l'enfance en difficulté, y compris les enfants nés dans les maquis durant la décennie noire.