La région qui a enregistré un très gros retard dans le développement, se remet à espérer en des jours meilleurs. La Kabylie a été longtemps comparée à la Suisse par ses habitants, notamment durant les temps où dans les autres régions du pays, les atteintes aux libertés individuelles et la violence faisaient leur apparition. La «Suisse» n'a pas tardé à connaître elle aussi, ses moments douloureux, ne serait-ce que parce que justement elle n'est pas la Suisse et appartient, corps et âme, à cet ensemble qui a commencé à souffrir depuis les années 1989 environ. Depuis les années 1994, la région a connu bien des problèmes mais il semble bien que grâce à la mobilisation des forces de l'ordre, les choses sont en train de changer. D'abord, il faut noter cette nette décrue du terrorisme qui fait souffler villes et villages de la région. Il semble bien fini, le temps des faux barrages et autres agressions du moins et ce, depuis le début de cette année et même bien avant; les actes de brigandage et de terrorisme ne sont plus signalés. Ensuite, les forces de l'ordre ont réellement repris possession du terrain et, aujourd'hui, les maquis et les forêts ne sont plus «ces endroits servant de refuge ou de base arrière» aux groupes armés, les forces de l'ordre ayant investi depuis des lustres jusque et y compris les endroits réputés jadis inaccessibles. Cette nouvelle donne est rendue possible grâce à une meilleure collaboration des populations qui n'hésitent plus à signaler les passages des éléments armés aux forces de l'ordre. Selon des indiscrétions rapportées par des sources fiables, on a appris que, pour l'année écoulée, ce sont 11 terroristes qui ont été éliminés et leurs armes récupérées alors que deux terroristes ont été faits prisonniers et qu'un autre s'est rendu dans le cadre de la loi sur la Charte et la réconciliation nationale. Il faut dire que les épreuves que la région a connues durant quelques années avec le Printemps noir, ont ajouté quelque peu au marasme ambiant et favorisé une certaine activité terroriste. De nombreux villages et même des communes entières sont restés durant quelque temps sans gendarmerie et sans police. Fort heureusement, la police a essayé et réussi en grande partie à prendre la place des brigades de gendarmerie délocalisées et assurer ainsi la sécurité des citoyens. Cependant, à ce jour, il reste encore bien des villages qui sont sans protection et d'ailleurs, selon le colonel commandant le groupement de gendarmerie de Tizi Quzou qui s'exprimait lors d'une conférence de presse récemment: «Il se trouve que d'autres maux sociaux ont fait leur apparition là où auparavant, ils n'existaient pas!...» Il semble que cela soit dû, d'abord, au fait de l'absence du gendarme ou du policier et aussi au taux de chômage galopant que connaît, hélas, la wilaya. Maintenant que la région connaît une nette décrue de la violence, il semble arrivé le temps où l'on doit se retrousser les manches et très sérieusement, car le retard à rattraper est immense. Ces retards sont souvent soulevés par la population, mais devant le silence des autorités, ces populations se sont soit résolues au silence, soit alors descendent dans la rue et c'est là que le bât blesse. Faut-il croire que les citoyens ont perdu l'habitude de protester en allant voir les responsables concernés? La réponse à la question est des plus complexes, mais l'analyse superficielle peut dire que ce sont plutôt les responsables qui ne savent plus écouter. Il est donc temps, comme le disent des citoyens, que les choses bougent, l'attente a trop duré.