Abdelhamid Temmar a dû ainsi corriger le pas après la montée au créneau du patronat. La bouderie patronat-gouvernement s'estompe. indisposés suite à l'action jugée «unilatérale» dans la confection de la nouvelle stratégie industrielle, les deux partenaires reprennent langue. Abdelhamid Temmar, ministre des Participations et de la Promotion de l'investissement, vient de corriger le pas après la montée au créneau du patronat. Le gouvernement, représenté par Abdelhamid Temmar, et les patrons se donnent rendez-vous pour les 1 et 2 février afin de débattre du projet en question, dont les contours demeurent encore flous. Toutefois, le patronat ne compte pas y aller avec le sourire mais, plutôt avec fermeté. Primo, parce que Abdelhamid Temmar a commis un faux pas qui ne lui a pas été pardonné et, secundo parce qu'il a transgressé, même d'une manière indirecte, les engagements inscrits dans le document de référence qui est le Pacte national économique et social. Selon Boualem M'rakach, président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), «il ne peut y avoir une nouvelle stratégie industrielle sans la contribution du patronat.» Son organisation, un partenaire privilégié des pouvoirs publics, a d'ores et déjà élaboré une série de propositions censées sortir le projet de Temmar de son «unilatéralisme.» Il s'agit, selon Boualem M'rakach, d'un document qui repose sur une assise analytique et une étude évaluative de la situation du secteur de l'industrie. C'est ce qui manque d'ailleurs au projet de Temmar qui, après une tentative de mise à niveau irréfléchie, tente cette fois, d'imposer le fait accompli au patronat. Pourquoi une mise à niveau irréfléchie? Car, tout d'abord, la plupart des entreprises suggérées à la mise à niveau nécessitent plutôt une action de redressement. Ensuite, la mise à niveau est faite sans le moindre diagnostic de benchmarking, ni encore une ordonnance de FCS (facteurs clés de succès). Viendra ensuite le comble d'une mise à niveau à l'emporte-pièce qui n'est autre que la transformation des déficits financiers des entreprises en dettes. Les banques ont pris alors le relais du Trésor public qui est le plus habilité à financer cette stratégie de mise à niveau. Ainsi, pour un ministre qui ne cesse d'accumuler les échecs, le travail de concertation doit être privilégié sur celui d'un «coup de tête». «Le président de la République n'a cessé d'ailleurs d'appeler au dialogue et a la concertation et travailler dans la même trajectoire qui a engendré le Pacte national économique et social», fera savoir le président de la CAP. Ce dernier a appelé la reformulation pure et simple du document prématurément accouché. Pour lui, l'entrevue de jeudi et vendredi prochains constitue un revirement important. «Parce qu'on a compris que rien ne pourrait se faire sans le dialogue et la concertation.» Economiquement parlant, pour un pays en quête de transition économique, où l'entreprise est censée constituer le moteur d'une économie vouée au libéralisme, il est impératif de faire appel aux partenaires et opérateurs économiques. A entendre Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (Cgea), Abdelhamid Temmar devrait démarrer son action à partir des engagements inscrits dans le Pacte national économique et social, élaboré «multilatéralement».Ainsi, même si le gouvernement fait marche arrière, le patronat ne décide pas encore d'afficher bonne mine. «Nous voudrions bien apporter notre contribution, mais sur la base de quoi?», s'interroge Habib Yousfi. Et de répondre: «C'est à Temmar de présenter tout d'abord sa stratégie pour qu'on puisse la débattre». Il s'interroge aussi sur le mode opératoire de cette nouvelle stratégie industrielle qui est fait, d'après lui, «dans une totale opacité». Ainsi, le patronat ne semble pas répondre de sitôt aux voeux de Temmar. La réunion de cette fin de semaine devrait remettre les pendules à l'heure et accoucher d'un projet censé éviter à l'entreprise algérienne une seconde ère de crise.