Dans un entretien avec notre correspondante à Bruxelles, Mme Shahid, représentante de l'Autorité palestinienne auprès de l'Union européenne revient sur les événements qui endeuillent les territoires palestiniens occupés. L'Expression: Comment expliquez-vous l'attitude peu engagée, voire le recul de l'Union européenne face à la dégradation de la situation en Palestine? Leïla Shahid: Malheureusement, depuis 2001, on a voulu assimiler la résistance palestinienne au terrorisme. Bush et Sharon (Olmert aujourd'hui) font croire qu'elle est drivée par Al Qaîda...Par extension, l'islamophobie gagne du terrain en Europe. Mais l'Europe doit être consciente que l'islamophobie produit du radicalisme, de l'intégrisme et de la violence. Il y a plus de 20 millions de musulmans en Europe, et c'est pourquoi l'Europe est concernée par la question. Ce n'est pas uniquement un problème palestinien. La crise entre le Fatah et le Hamas n'aide pas l'Europe à plus d'implication. Croyez-vous à un retour au calme entre les deux partis? Ecoutez, c'est la première fois en 59 années de lutte et de combat contre l'occupation qu'il y a des victimes inter- palestiniennes. Pourquoi aujourd'hui? Lorsque vous coupez les vivres aux populations, que vous enfermez les enfants de Ghaza dans une prison à ciel ouvert, que vous décrétez un embargo total...à quoi pouvez-vous vous attendre, si ce n'est de la violence? L'Europe a suivi Bush et Sharon au lendemain de la victoire du Hamas aux élections législatives en décrétant un embargo total contre les territoires. Avez-vous quelques espoirs du côté d'Ehud Olmert, lui qui laisse croire qu'il est disposé à reprendre la feuille de route proposée par le Quartette? Non. M.Olmert n'est pas pour la paix et n'a pas de vision d'avenir. Il veut continuer la politique internationale que son prédécesseur Ariel Sharon avait commencée. En se retirant par exemple de Ghaza, Sharon avait précédé l'événement, faisant croire au monde qu'il était pour la paix et pour un Etat palestinien indépendant. Il ne faut pas être dupe, l'actuel gouvernement d'Israël n'est ni pour la paix ni pour la liberté des Palestiniens.