Les terroristes ayant acquis des fortunes durant la tragédie nationale, seront soumis à des enquêtes et poursuivis en justice. Le terrorisme a causé d'énormes préjudices financiers à l'Algérie. Si la majorité des Algériens ont subi les affres de la violence, certains y trouvaient une occasion propice pour se faire des fortunes. Nombreux ceux qui se sont enrichis en s'impliquant dans des réseaux terroristes. «A l'époque, nous ne pouvions entamer aucune enquête policière à leur encontre pour la simple raison que nous ne disposions pas d'un arsenal juridique susceptible de nous aider à mener à terme notre mission», a indiqué le directeur général de la Sûreté nationale (Dgsn), M.Ali Tounsi, hier, en marge de l'ouverture de la session de formation de 55 officiers enquêteurs de la police judiciaire qui se tient à l'Institut national de la police criminelle (Inpc) sis à Saoula, Alger. Néanmoins, avec l'amendement porté au code pénal «cela est devenu possible», a ajouté M.Ali Tounsi. Mais cela demeure tout de même tributaire des éléments d'information que les enquêteurs pourront récolter. «On ne peut pas aller demander à quelqu'un qui a construit une villa de huit milliards de révéler ses sources de financement parce qu'on ne détient aucune preuve l'inculpant dans une affaire de blanchiment d'argent», souligne le patron de la Dgsn. En effet, l'absence d'arsenal judiciaire, doublée de lacunes enregistrées en matière des ressources humaines ont favorisé la prolifération du phénomène du blanchiment d'argent. «Pendant la tragédie nationale, l'Etat s'était investi à fond dans la lutte antiterroriste, on n'avait donc pas eu assez de moyens pour lutter contre le blanchiment d'argent. Et c'est pour cette raison même qu'on voit, actuellement, les scandales financiers, comme l'affaire Khalifa et la Bcia éclater au grand jour», a indiqué M.Tounsi. Il convient de rappeler que les opérations de racket et de faux barrage, effectuées par les groupes terroristes armés ont contribué à grande échelle dans l'ampleur prise par le phénomène du blanchiment d'argent. A présent, que la sécurité est revenue «on peut, si nous détenons des preuves, attaquer en justice des repentis qui se sont enrichis sur le dos des Algériens», affirme le directeur général de la Police judiciaire, M.Rabah Ladj. Il s'agit, en termes juridiques, selon notre interlocuteur, de déceler les fortunes frauduleusement acquises. C'est-à-dire des fortunes édifiées et qui découlent d'une activité criminelle quelconque prévue et punie par le code pénal et, investies légalement dans des circuits économiques. Avant l'élaboration de la loi sur le financement et le blanchiment d'argent, il n'y avait eu aucun instrument juridique pour réprimer cette forme d'infraction. Plus tranchant encore, M.Ladj insiste: «Les terroristes ayant acquis des fortunes durant la tragédie nationale, seront soumis à des enquêtes et poursuivis en justice». Ainsi donc, s'il est prouvé qu'un repenti terroriste s'est enrichi durant sa présence au maquis, il tombera automatiquement sous le coup de la loi qui traite du blanchiment d'argent et du financement du terrorisme. La loi traitant sur ce sujet est très claire: «C'est toute personne qui a acquis un bien corporel ou incorporel découlant d'une activité criminelle quelconque». Selon le directeur général de la Police judiciaire, un travail de renseignement est en train de se faire, actuellement, sur le terrain. Il faut savoir que ce genre d'enquête est confié à la Ctrf (Cellule du traitement et du renseignement financier). Cet organisme travaille en étroite collaboration avec les brigades économiques et financières de la police et de la gendarmerie. Ce sont, en effet, ces trois institutions qui sont habilitées à traiter ces affaires mises, bien entendu, sous le contrôle du parquet. Mais, ce genre d'enquête s'avère délicate, et pour cause: «On trouvait partout des commerces qui ont généré des sommes d'argent colossales. On savait que ce sont des commerces provenant d'une activité illégale, c'est-à-dire, c'est quelqu'un qui s'est fait de l'argent en exerçant une activité commerciale dont les fonds proviennent des opérations menées par les groupes armés», souligne M.Ladj. Ces fonds, faut-il le souligner, ont été injectés dans des activités diverses et suivant les régions du pays. Dans la région du centre, à titre d'exemple -à l'instar de Tizi Ouzou, Boumerdès- ces fonds ont été «investis» dans le transport, l'agriculture et l'alimentation générale. Ces «capitaux» ont été remis par des groupes terroristes à des particuliers en vue de les investir et, en contrepartie, ils reçoivent, périodiquement, certaines sommes d'argent susceptibles de financer leurs activités terroristes. A se fier aux déclarations du directeur général de la Police judiciaire, activant sur les éléments d'informations ramassées, il y a eu la fermeture administrative de certains commerces. Par ailleurs, les nouveaux amendements du code pénal facilitent à la Police judiciaire de mener à bien et à terme ses enquêtes des domaines économique et financier. Ainsi, l'inspecteur de police a le droit de mener son enquête, sur l'ensemble du territoire national sans pour autant passer par le parquet de telle ou telle autre wilaya. Aussi, afin de confirmer les preuves apportées par un inspecteur qui a réussi à infiltrer un réseau criminel, la police judiciaire a le droit de mettre un deuxième élément chargé de confirmer les preuves apportées par son collègue et ce, en épiant ce dernier.