L'engouement des commerçants qu'a connu la Bcia en 2003 est expliqué par des facilitations qu'offre cette banque sans hypothéquer un quelconque bien. C'était sans nul doute pour couvrir l'endettement de la Bcia vis-à-vis de la BEA. Plusieurs situations l'illustrent. Tel a été le cas de l'accusé Bendjouka Djillali, qui a bénéficié d'un crédit de 30 milliards. 5 milliards de ce montant ont été utilisés dans le règlement des traites au profit de la Sotrapla par le biais de la Bcia. Cette somme représente les factures du sucre commandé par l'accusé qui a été auditionné hier. Quelque temps avant l'éclatement de l'affaire, le même accusé devait réceptionner 20 conteneurs de café représentant une quantité de 2500 tonnes. Il devait régler la facture par le biais des lettres de change avalisées et escomptées à raison de 12 milliards de centimes. Sauf qu'en raison des prix qui ont augmenté, le mis en cause s'est rétracté. L'autre transaction est les 5000 tonnes de sucre commandées par le mis en cause auprès de la Sotrapla pour un montant de 16 milliards de centimes. Marchandise qui n'a jamais été livrée, après que la police des finances eut ouvert l'enquête en 2003 et que toutes les transactions furent suspendues. La chose aberrante dans cette affaire c'est la découverte par les enquêteurs d'un montant de 14,8 milliards de centimes dans l'avoir de Bendjouka Djillali, alors que ce dernier n'a déposé que 50 millions de centimes le jour de l'ouverture de son compte en 2000. Le crédit dont il a bénéficié de la Bcia était conditionné par des signatures dont il ignore la nature au niveau de cette banque. C'était un «contrat verbal» sans même demander un jour des documents faisant foi d'une telle somme. L'autre accusé dans l'histoire est Mimouni Sid-Ahmed, commerçant à Tlemcen. Attiré par Sensaoui Abdelaghani dit Djouad Sebka. Le mis en cause ouvre en 2001 un compte à la Bcia contre la signature de «papiers dont il ignore la nature». Il a signé 30 traites d'une valeur de 10 milliards de centimes. Une partie de cette somme a été signée à Oran pendant que l'autre s'est faite à Tlemcen. Durant son audition, l'accusé fera remarquer que les papiers qu'il signait en toute confiance parvenaient des «librairies». Même scénario est vécu par l'accusé Chibani Bouziane, qui a été attiré, selon ce dernier, par Oualla Abderrezak pour qu'il signe des traites au profit de la Sotrapla contre des sommes de 10 millions de centimes. Etant commerçant à Ghris (Mascara), il a formulé auprès de la Bcia une demande de ligne de crédit. Cette dernière lui ouvre ses portes, et lui fait signer au départ trois lettres de change de 13,1 milliards de centimes, 13,5 milliards et la troisième en blanc. Ces signatures ont eu lieu avec l'accord de Samir Oualla Abderrezak, Addou de la Sotrapla, et de Kharoubi Mohamed Ali de la Bcia. Pour illustrer ces faits, le juge Achaâchi a rappelé que l'accusé a retiré plusieurs fois les sommes de la contrepartie alors que son compte ne contenait que 10.000DA à son ouverture. Et la partie civile d'épingler l'accusé quand ce dernier est revenu sur ses déclarations lors de l'instruction.