La question se répète: comment l'accusé a pu escompter de telles traites au niveau de la BEA? Après avoir longuement entendu pendant toute la semaine dernière les responsables des agences BEA de Medioni (Oran) et Sig de Mascara, le cinquième jour du procès Bcia a été caractérisé par l'audition des accusés Fouatih Ahmed Belkacem, responsable d'une société d'importation de produits cosmétiques et détergents et Addou Samir, gérant de la Sotrapla spécialisée dans l'importation du sucre. Le premier mis en cause devait répondre de plusieurs traites signées à son profit par Reftas Lahcène (110 millions de DA), Khalifa Brahim (150 millions DA), Haddad Yacine pour des marchandises contre des chèques au nom de Guitti Saâd, Belarbi Yahia (traites en blanc), Benfréha (traites de 20 millions de DA, sans qu'il réceptionne jusqu'à ce jour sa marchandise) en contrepartie de 1000,00DA au profit de ces derniers. Comme il devait répondre s'il a été autorisé à augmenter le chiffre d'affaires de sa société pour atteindre 5 milliards de DA. Ce qui dépasse largement son capital alors qu'en principe, cette augmentation ne peut se faire qu'à la suite d'assemblée générale regroupant toutes les parties concernées, c'est-à-dire les coassociées de Fouatih Belkacem. Par ailleurs, la question se répète: comment l'accusé a pu escompter de telles traites au niveau de la BEA? Avez-vous un crédit ou une garantie en contrepartie au niveau de la Bcia? a demandé le président du tribunal criminel d'Oran. L'accusé niera avoir eu un jour le droit de regard sur les comptes des personnes qui l'ont cité dans l'arrêt de renvoi. Il répondra, d'abord, que les assemblées générales se tiennent rarement, puis dira avoir un crédit à découvert au niveau de la Bcia de 20 millions de DA. Il a également hypothéqué des biens colossaux, notamment un terrain à la zone industrielle, deux supermarchés et son habitation à Aïn El Turck. Ceci pour illustrer les soubassements des transactions effectuées par Fouatih Ahmed Belkacem, qui fera état de sa gestion de cinq sociétés. Pour revenir aux traites escomptées, le juge Achaâchi demandera s'il y a des avances sur trésorerie alors que la Bcia a refusé d'avaliser plusieurs traites. Question pour laquelle l'accusé dira qu'il a été surpris après qu'il eut appris le litige Bcia-BEA qui a éclaboussé l'affaire. «La Bcia devait avaliser mes traites, informer les responsables de cette banque et puis rien n'a été fait», ajoute l'accusé. Le juge qui était jusque-là attentif, passe au peigne fin cette déclaration en demandant à l'accusé les raisons l'ayant motivé pour continuer dans telles transactions alors que la Bcia use de la malice..«J'ai eu l'incident des 387 milliards avec cette banque, car j'étais engagé avec plusieurs sociétés et j'ai versé tout ce que j'avais» répond l'accusé. N'as-tu pas senti le danger lorsque des traites ont été signées en blanc? insista le juge quand l'accusé fera remarquer que tout s'est fait à base de contrepartie. Le deuxième accusé appelé à la barre est le responsable de la Sotrapla Addou Samir, accusé des mêmes chefs d'inculpation que son prédécesseur. C'est-à-dire, il fait signer aux commerçants des traites en blanc contre des modiques sommes de 1000,00DA. Même scénario subi par Amara Abdelakder, à qui on a ouvert à la Bcia, un compte bancaire et signé 10 traites. Pour ces derniers, on a évoqué la présence du directeur régional d'Oran de la Bcia, Kharoubi Mohamed Ali. Le fait surprenant et le pic de l'affaire est la découverte faite par un certain Badri Mohamed, qui a signé des documents à la Bcia, qui n'étaient en réalité que des traites de 87 millions de centimes au profit de la Sotrapla.