Le commerce des tenues islamiques et accessoires (qamis, djilbab, K7, CD et livres religieux...) est leur créneau préféré. Les nouveaux salafistes (Assalafiyoun al djoudoud ou Assalafia Al Ilmia) est un mouvement qui ne s'est pas impliqué dans le champ politique. Ces jeunes barbus, portant le qamis et le turban et dont le nombre ne cesse d'augmenter depuis environ sept années, donnent l'impression de s'être définitivement écartés de la secte El Hidjra oua Takfir. Mais des sources chargées du renseignement affirment que ces salafistes adoptent certaines attitudes propres à cette dernière. Alors, qui sont-ils ces salafistes qui ne font pas beaucoup de bruit, mais qui se font de plus en plus remarquer dans les grandes villes, notamment Constantine, Blida, Batna, Oran, Sidi Bel Abbès ou Laghouat, et récemment El Oued? Leurs références théologiques, précisent nos sources, sont les mêmes dont se sont inspirés les mouvements djihadistes qui se sont recyclés dans le terrorisme pur et dur. A priori, ils ont opté pour «l'auto-exclusion», mais cela n'empêche pas nombre d'entre eux de faire des affaires. L'essentiel pour cette nouvelle génération d'islamistes est de se tenir à distance de la société. A leurs yeux, ont indiqué nos sources, la société est impliquée malgré elle dans l'usage «usurier» de l'argent (erriba). Alors, ils n'hésitent pas à investir les circuits informels du commerce. A Rahbet Lejmal de Constantine, ils vendent des portables. Quelques mètres plus loin, on les retrouve comme négociateurs dans le marché parallèle de la devise. A Alger ou Blida, ils sont même très actifs dans le domaine de la haute technologie. A Oran ou Laghouat, ils excellent dans le commerce des voitures anciennes. Bien sûr, indiquent nos sources, sans oublier le créneau qui leur est devenu presque exclusif: le commerce des tenues islamiques (qamis, djilbab, K7, CD et livres religieux...). Depuis qu'ils ont compris qu'effectivement, l'argent est le nerf de la guerre, ils exploitent au maximum leur liberté dans un contexte politique marqué par la réconciliation nationale et ses retombées, et un contexte économique marqué par un ultralibéralisme provocateur. Nos sources ont conclu qu'on est loin du militantisme bruyant exercé dans la daâwa, quelques années avant la naissance officielle de l'ex-FIS. Cependant, le militantisme y existe toujours, il doit se faire dans la «discrétion» la plus absolue, à titre individuel et au cas par cas. Nos sources ont noté que, généralement, c'est dans les mosquées qu'ils choisissent leurs «proies», de préférence des adolescents avides de connaître la religion. Ils commencent par sympathiser avec eux. Ensuite, le travail d'approche s'approfondit. Des livres, des CD et des K7 sont fournis, non sans avoir averti «l'élève» d'éviter de se laisser entraîner par «les daâouate al joudoud» trop occidentalisés à leur goût. Nos sources ont remarqué que ces activistes choisissent leurs mosquées et font tout pour éviter celles où activent des imams supposés proches des mouvements Al Islah ou Haraket moujtamaâ silm (HMS). Ils revendiquent leur différence et demeurent très prudents. Ils ne s'engagent jamais dans une conversation politique avec des inconnus ou avec des personnes étrangères à leur groupe. En apparence, ils s'efforcent de donner l'image de jeunes dévoués corps et âme à la cause islamique, mais non politisés. La question, pour nos sources, reste posée. Sont-ils vraiment apolitiques? Sous certains angles, leur attitude ressemble à ce qu'on appelle «attaquia», la discrétion absolue, observée par les chiites dans un contexte qui ne leur est pas favorable. Puisqu'il s'agit d'une tendance islamiste qui a, par le passé, (un passé récent), s'est engagée dans une lutte armée contre l'Etat et contre le peuple algérien. La même tendance qui recrutait, au profit du Gspc, des enfants, après les avoir endoctrinés. En effet, cette tendance arrivait à enrôler des jeunes de 15 à 20 ans en contre partie de petites sommes d'argent. Les sommes sont multipliées par 3 ou 10, selon l'aptitude de la recrue. La situation dans laquelle se trouve la recrue est simple: soit aller en prison, soit rejoindre les maquis. Une fois aux maquis, c'est place à la seconde étape d'endoctrinement. Les drogues -de l'héroïne importée d'Afghanistan- sont disponibles et distribuées à ceux qui ignoraient de quoi il s'agissait sauf une fois le premier assassinat (égorgement) commis. La série noire commence et un zombie est né. Les nouvelles recrues devenaient accro aux drogue et au sang. Cependant, selon nos sources certains salafistes plus dangereux, qui versent dans une lutte contre les zaouias, appartiennent à une secte intégriste dont le réseau a été récemment démantelé à Annaba.