L'affaire est mise en délibéré jusqu'au verdict, le 15 mars prochain. La salle de la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris s'est avérée trop exiguë jeudi pour recevoir le public de journalistes, personnalités et anonymes intéressés par cette opportunité d'entendre des figures connues. Une ambiance étouffante à telle enseigne qu'un homme a dû être évacué après un malaise. Dehors dans le hall, même foule compacte se déplaçant par vagues autour de l'humoriste Dieudonné venu soutenir le journal. Evidemment dans cette ambiance, des extrémistes de tout bord se sont faufilés pour apporter leurs acerbes commentaires. Nous avons pu ainsi écouter une dame en hidjab défendant les islamistes et toutes leurs dérives, comme nous avons entendu un quadragénaire décréter dans ce hall que «l'Islam est la religion la plus dangereuse actuellement». Pour en revenir à la journée d'hier, à l'issue des plaidoiries et du réquisitoire de la procureure de la République qui a requis la relaxe pour le directeur du journal, Philippe Val, l'affaire est mise en délibéré jusqu'au verdict le 15 mars prochain. Quelle conclusion tirer de cette affaire? Difficile à dire car les différentes parties sont restées sur leurs positions respectives. La procureure de la république a estimé, pour sa part, que les éléments de condamnation ne sont pas réunis contre l'hebdomadaire car «l'intégrisme ne désigne pas tous les musulmans...» Ce n'est pas l'analyse de Zekri Abdellah, du conseil de la Mosquée de Paris et président de la fédération du CFCM pour le Sud- Ouest présent au tribunal. Interrogé par L'Expression sur le sentiment de l'institution qu'il représente, il dira «nous sommes satisfaits dans la mesure où notre demande a été recevable alors que la partie adverse avait demandé l'irrecevabilité de notre plainte. Nous avons donc pu être entendus et pouvons dire que nous sommes pour la liberté d'expression et nous l'acceptons, mais nous ne sommes pas d'accord quand elle sert à associer l'Islam à la violence. Nous n'acceptons pas que le Prophète soit représenté avec une bombe dans le turban pour l'assimiler à un terroriste. Ces caricatures sont inacceptables car elles véhiculent un message de haine contre les musulmans et une injure». Interrogé ensuite sur le déroulement du procès, M.Zekri répond avec quelque amertume que la première journée «a été une mascarade». La première journée avait été réservée aux témoins dont des personnalistes, des spécialistes du monde musulman comme Antoine Sfeir. Quant au soutien des candidats, notre interlocuteur dira «la 17e Chambre est devenue la chambre des partis politiques pour leur campagne électorale. Pourtant, pour Bayrou et François Hollande on comprend, mais nous avons été choqués par la lettre de soutien qu'a adressée Nicolas Sarkozy à Charlie Hebdo. Il est ministre du Culte, et devait s'en tenir à la réserve d'un ministre de la République. Nous comprenons d'autant moins que le 1er février dernier il a reçu les représentants de la communauté musulmane, place Bauveau, et il nous avait affirmé qu'il était conscient que l'islamophobie existe en France même si la France n'est pas islamophobe». Signalons que M.Zekri sera en Algérie la semaine prochaine à la tête d'une délégation du culte musulman en France qui sera reçue notamment, par le ministre des Affaires religieuses à Alger.