Le secrétariat national aura une réunion décisive le 22 de ce mois. Les nombreux courants politiques qui traversent l'Ugta auront à s'affronter au grand jour, lors d'une réunion de la Cen (Commission exécutive nationale) ouverte à la presse, les 2 et 3 mars prochain, probablement à la mutuelle des travailleurs des travaux publics de Zéralda. L'annonce de cette date, que nous avions donnée en exclusivité hier, a été confirmée hier à la presse par des sources proches de la Centrale. Auparavant, le secrétariat national doit tenir une rencontre fermée le 22 février. Ordre du jour: arrêter les derniers préparatifs de la Cen, mais aussi finaliser la commémoration du double anniversaire du 24 février, attendu dans la zone sinistrée de Skikda. L'importance de la date du 22, il faut le dire, tient au fait que ce jour coïncide avec la date de clôture de dépôt des candidatures au niveau du conseil constitutionnel. L'on croit même savoir que c'est ce jour, ultime, que choisirait le président Bouteflika pour officialiser sa candidature, une fois épuisées ses sorties sur le terrain en sa qualité de chef d'Etat et de président de tous les Algériens, comme il aime à se définir lui-même. C'est précisément cette candidature qui pose problème au niveau de la Centrale Ugta. La Cen, en effet, recèle en son sein un nombre important de militants du RND, tous favorables à un soutien inconditionnel de ce syndicat à un second mandat de Bouteflika. Les analystes, à ce sujet, rappellent que c'est, en grande partie, l'Ugta, du vivant de Abdelhak Benhamouda, qui avait donné naissance au parti que dirige l'actuel chef du gouvernement, ce qui explique une pareille «synergie». Or, les données ont grandement changé depuis 1999. Une force, qui est loin d'être négligeable et que soutiennent des «sommités» du mouvement syndical à travers l'histoire de l'Algérie, ont déclenché un véritable tir de barrage en vue de «préserver l'Ugta de la dislocation» dans le cas où elle opterait pour une candidature unique, celle de Bouteflika probablement. De puissants courants, l'un favorable à Benflis et l'autre à Hamrouche traversent également l'Ugta et aucune conciliation n'est possible dans l'état actuel des choses, ce qui rend impossible tout soutien à une candidature commune sans qu'il ne soit suivi par un éclatement pur et simple de cette organisation qui continue de revendiquer fièrement pas moins de quatre millions d'adhérents. Face à cet imbroglio «politico-stratégique», de plus en plus de voix s'élèvent pour dire que «le devenir de cet outil de défense des droits moraux et sociaux des travailleurs est bien plus important que la carrière politique d'un seul homme, d'où l'absolue nécessité de ne pas donner des consignes de vote et de laisser les militants de l'Ugta, représentant l'ensemble des courants que compte le pays, décider en toute liberté de leurs choix électoraux». Cette option, qui rejoint en quelque sorte celle de l'ANP, bien résolue à demeurer en dehors du champ politique, se justifie par le fait que les conjonctures spéciales qui avaient poussé la centrale à opter en faveur de candidats du pouvoir en 1995 et 1999 n'a plus sa raison d'être en 2004. En attendant qu'une position définitive soit tranchée, un mémorandum est en préparation. Il devrait être finalisé pour la rencontre du 22 février prochain. Le document, sorte de questionnaire à adresser aux candidats que retiendra le conseil constitutionnel, va les interroger sur des points précis en matière de politique sociale et économique. Des réponses et engagements tout aussi écrits que publics en résulteront donc. Des sources proches de la Centrale, qui parlent de «grands défis à relever», oeuvrent à présent à mettre tout en place afin que le débat, lors de la prochaine Cen, soit le plus serein et démocratique possible. Le reste suivra tout naturellement.