L'ex-directeur général de la Cnac a reconnu la perte de 313 milliards de centimes de dépôt sans qu'ils soient récupérés. La journée de dimanche a été marquée, notamment par l'audition de l'ancien directeur général de la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac), M.Aït Belkacem Mahrez, et l'ex-directeur général de la Caisse d'assurance des non-salariés (Casnos), dans le cadre du procès de l'affaire Khalifa. Pour le moins que l'on puisse dire, les deux responsables, de par leur expérience et leur dévouement, surtout en tenant compte des différents passages des témoins et des accusés, se sont présentés à la barre étant convaincus d'avoir été victimes d'un système de gestion et en s'efforçant de défendre âprement leurs positions, en repoussant les différentes et néanmoins lourdes accusations portées contre eux. Le premier, accusé de corruption et d'abus de pouvoir, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour tenter de justifier le dépôt de l'argent de la Cnac au niveau de Khalifa Bank, par l'image de marque qu'avait le groupe El Khalifa et son président-directeur général. «Abdelmoumen Khalifa a été élu à une certaine période ‘'meilleur manager de l'année''». «De même, cette banque avait bel et bien un agrément délivré par la Banque d'Algérie et il n'est pas de mon ressort de porter un jugement. C'est à la Banque d'Algérie de tirer la sonnette en cas de problème, or, il y avait un silence radio de sa part», dira-t-il avant d'ajouter que «même les autorités de l'époque insistaient sur le fait qu'il n'y avait aucune différence entre les banques publiques et privées.» Dans ce sens, il dira: «Il fallait donc choisir la meilleure institution financière. Khalifa Bank était la plus flamboyante et offrait les meilleurs taux d'intérêt, jamais atteints par les autres institutions financières. Le maquillage du groupe Khalifa était magnifique et je faisais confiance aux institutions de l'Etat, censées intervenir en cas de problème». La juge intervint pour lui dire: «Et le gel du commerce extérieur d'El Khalifa Bank ne vous a-t-il pas préoccupé?» Il répond: «De toutes les manières, même les banques publiques étaient concernées par cette restriction.» La juge passa ensuite à la question pertinente: «Y a-t-il vraiment eu réunion du conseil d'administration de la Cnac et dont les résolutions vous ont permis de faire le dépôt?» «Oui, la commission des finances du conseil d'administration s'est réunie au mois de juin 2001. Deux mois après, on a envoyé les résolutions à monsieur le ministre du Travail de l'époque et relatives, notamment, au placement de notre argent au niveau d'une banque privée, et ce, sans citer Khalifa. Toutefois, il n' y a jamais eu de suite de la part du ministre.» «Pourquoi vous n'aviez pas précisé le nom de la banque?» dit la juge. Il répond: «C'était pour nous une occasion de bien prospecter toutes les banques privées du moment que les taux d'intérêt des banques publiques étaient devenus insignifiants.» M.Aït Belkacem dira, par ailleurs, qu'il peut fournir tout document qui s'avère indispensable quant à la réunion du conseil, même si un témoin avait nié le déroulement de la réunion du conseil relative au dépôt de l'argent de la Cnac dans les banques privées. «Et les avantages comme celui de la carte de thalassothérapie», lui lança la juge. «Certes, j'ai pris une carte mais c'était sans aucune arrière-pensée.» L'ex-directeur général de la Cnac avait reconnu, par ailleurs, la perte de 313 milliards de centimes de dépôt sans qu'ils soient récupérés. A la surprise de tout le monde, l'ex-directeur général de la Cnac, après avoir répondu à une question du procureur général concernant ses antécédents judiciaires, a reconnu qu'il est poursuivi dans une autre affaire et dans laquelle le directeur général de la Cnac est aussi concerné. Pour sa part, M.Boubedra Hacène, ancien directeur général de la Casnos, accusé lui de corruption et abus de pouvoir pour le dépôt de 12 milliards de dinars à la Banque Khalifa, s'était lui attelé à prouver son innocence en maintenant qu'il avait travaillé dans l'intérêt de la Caisse, selon les règles économiques avantageuses, surtout qu'il voulait sauver cette caisse de la crise et du manque d'adhérents. La juge lui lança pour contenir son élan, voulant le coincer: «Pour le conseil d'administration de mai 2001, vous dites que vous aviez informé le ministre et ce dernier a nié ça devant le tribunal.» Il maintient: «J'ai envoyé au ministre une correspondance l'informant du dépôt dans les banques privées et le silence était pour nous un accord. Déjà qu'à l'époque, les banques publiques avaient baissé le taux à moins de 5%, poussant à aller au plus offrant.»