Le procès Khalifa a été marqué, hier, par l'audition de deux gestionnaires de caisses importantes, accusés d'avoir effectué des dépôts de grosses sommes à la banque Khalifa. Il s'agit des directeurs de la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac), M. Aït Belkacem Mahrez, et de l'ex-directeur général de la Caisse d'assurance des non-salariés (Casnos), M. Boubadra Hacène. En effet, les deux directeurs se sont donné le courage pour mieux faire face à la redoutable juge, Mme Brahimi, qui a axé ses questions sur le fait que les deux ex-responsables ont agi sans l'aval de la tutelle. Le premier à se présenter, M. Aït Belkacem, directeur de la Cnac, a justifié ce placement, tout en avouant avoir perdu 313 millions de DA. Et d'arguer : “Les autorités de l'époque insistaient sur le fait qu'il n'y avait aucune différence entre les banques publiques et privées.” Il poursuit son argumentaire en rappelant le contexte de l'époque, le cadre juridique et aussi l'image de marque du groupe Khalifa. Il dira ainsi : “Abdelmoumen Khelifa a été élu quand même “meilleur manager de l'année”. Et ce n'est pas peu dire.” Il soutiendra encore qu'El Khalifa Bank était une banque autorisée qui avait un agrément délivré par la Banque d'Algérie. “Ce n'est pas à moi, opérateur, d'apporter un jugement contraire. C'était à la Banque d'Algérie de tirer la sonnette d'alarme en cas de problème. Pour nous, l'absence de réaction signifiait son accord et son approbation.” Pour sa part, M. Boubadra Hacène, ancien directeur général de la Casnos, accusé, lui, de corruption et d'abus de pouvoir pour les dépôts en plusieurs parties de 12 milliards DA, s'est abrité derrière la loi pour justifier les dépôts. “J'ai fait ce dépôt conforment à la loi, j'ai envoyé au ministre une correspondance l'informant du dépôt dans les banque privées. Le silence de la tutelle était pour nous un accord.” L'accusé argumente encore : “À l'époque, le taux d'intérêt dans les banques publiques était fixé à 5%, chose qui attire n'importe quel gestionnaire d'aller prospecter ailleurs pour avoir un offre meilleure.” La juge interroge par la suite l'accusé sur la carte gratuite de voyage à bord de Khalifa Airways dont il en a bénéficié. “Je l'ai utilisée sans aucune arrière-pensée”, rétorquera-t-il. La magistrate revient avec une autre question : “Pourquoi vous n'aviez pas bénéficié de cet avantage relatif à la billetterie gratuite avant le dépôt ? Il aura fallu déposer les 12 milliards pour que Khalifa vous accorde gracieusement ce privilège ?” Et de poursuivre : “Dites-moi, en tant que DG, aviez-vous vraiment besoin d'une carte de thalassothérapie ?” L'accusé fera savoir à la présidente du tribunal qu'il avait utilisé une seule fois cette carte. K. Fawzi