Selon un haut responsable de l'armée, l'attaque de Baghlia peut correspondre à une volonté de la part des groupes armés affiliés au Gspc de se «réapproprier l'espace au quotidien», ajoutant que «jamais une attaque d'une telle envergure n'aurait pu être menée sans une aide majeure de la part des réseaux de soutien qui existent entre Boumerdès et Tizi Ouzou». Le groupe terroriste, auteur de l'attentat, s'attendant à une rapide intervention des services de sécurité, présents aux alentours, avait truffé l'itinéraire emprunté par eux de bombes. La plupart de ces bombes n'ont pas explosé, ayant été contournées, ce qui a évité une véritable hécatombe dans les rangs des services de sécurité. Le «coup de Baghlia» est, selon ceux qui connaissent la situation sécuritaire dans la région, «une démonstration de force inquiétante et une autre mutation dans la stratégie des groupes armés de la région». L'attaque au heb-heb contre un point de contrôle du Bmpj de Baghlia avait fait, rappelons-le, deux morts et quatre blessés, dont au moins deux seraient dans un état jugé «critique», hier, par un médecin qui a pu accéder à l'infirmerie. Cette attaque, spectaculaire s'il en est, a été menée vers 21h et suivie d'un accrochage qui a duré près d'une demi-heure. Ce qui renseigne sur les nouvelles dispositions des groupes armés, hégémoniques dans la région limitrophe de Tizi Ouzou, et qui affichent une volonté réelle de sortir du «guêpier kabyle» où les ratissages militaires - effectués à Bou Mehni, Sidi Ali Bounab, Mizrana et Takhoukht - ont quelque peu désarticulé la stratégie du Gspc. Cette attaque, la première du genre menée dans la région depuis plus d'une année, réaffirme les trois «non» affichés par Hassan Hattab à l'égard de la trêve, du dialogue et de la réconciliation («la hiwar, la soulh, la mouhadana»), et tente, de fait, d'inscrire la guérilla urbaine dans le temps, du moins, dans la région kabyle et sa proche périphérie, Boumerdès notamment. Cette wilaya, qui essaye de maintenir son équilibre entre Alger et Tizi Ouzou, risque, à court terme, de devenir une véritable plaque-tournante du terrorisme. Tout y concourt, son relief, ses caches, son barrage qui alimente toute la capitale, ses montagnes qui chevauchent à la fois Alger, Blida, Bouira et Tizi Ouzou, et ses réseaux dormants, dont quatre au moins furent démantelés depuis le début de l'année, et vingt éléments d'un seul coup, il y a une semaine (mis hors d'état de nuire par le groupement de gendarmerie de Boumerdès). Les coups de boutoir, reçus par les groupes armés dans les régions boisées de Bouzegza, ont eu pour effet de les faire se replier vers les villes. C'est cela la nouvelle donne qui semble se dessiner.