47 ans après, les conséquences demeurent visibles dans la localité d'El Hamadia à 15 km au sud de Reggane. La nuit du 12 février 1960, la population de Reggane a été sommée de porter des colliers dont le pendentif était un cliché mesurant l'intensité des radiations. Comme elle a été instruite, de la part du capitaine Miklon, de sortir des demeures pour servir de cobaye à une opération militaire, nommée la Gerboise bleue, dirigée par le général Buchet. Le lendemain matin, le 13 février, une détonation, d'une minute trente secondes, a été entendue à des dizaines de kilomètres à la ronde. Ce fut la bombe atomique française qui venait d'exploser. Le point zéro est déterminé, aucune vie ne pourrait subsister dans les 24.000 ans à venir. Douze heures après l'essai, le général De Gaulle reçoit l'information et réussit ainsi son introduction dans le «club» nucléaire mondial. Ce que la France ne voulait pas dire, c'est que cette opération avait provoqué la contamination de milliers d'Algériens. Des maladies incurables et des malformations congénitales sont les effets directs de ces essais. C'est à cause de ces essais que la daïra de Reggane a le plus grand taux de cancéreux à l'échelle nationale. La plupart sont atteints de leucémie ou de cancer de la peau. La localité enregistre, aussi, le même taux en termes d'hypertendus, d'aveugles et d'handicapés moteur. Alors que les femmes sont victimes de fausses couches persistantes et d'hémorragies internes. Quant aux nouveau-nés, des exemples terrifiants ont été enregistrés à l'instar des monophtalmes, enfants ne possédant qu'un seul oeil sur le front ou nés avec des doigts rétrécis. Pour ce qui est de la faune et la flore, nul être vivant ne pourrait vivre sur un rayon de 150km. Alors que des études ont démontré que parmi les 60 chameaux traités, 10 souffrent de leucémie et de changement de paramètres dans leur hématologie. Ce crime contre l'humanité, commis par la Ve République n'a pas divulgué tous ses secrets, puisque les lois indiquent que les informations concernant ces essais ne pourraient faire l'objet de recherche ou d'études qu'après soixante ans de leur exécution. Pour se prémunir des retombées drastiques de ces essais, la Direction de l'environnement et le Commissariat à l'énergie atomique (Comena), ont procédé dans la dernière semaine du mois de janvier dernier à la délimitation des zones à risque, et ce, afin de délimiter le paramètre grâce à une clôture de 7 km sur une longueur de 1200 mètres linéaires. Comme il faut signaler que selon le directeur de la Direction de l'environnement «les risques de contamination demeurent et le rapprochement du point zéro est dangereux». Et enfin, comment pouvoir demander à la France de reconnaître ses erreurs historiques au moment où son candidat de l'UMP, à la présidentielle, suggère à l'Etat français de demander pardon aux harkis qui ont aidé la France dans ses desseins coloniaux et non à ceux qui ont subi les affres de sa terreur.