48 ans après, les conséquences des essais nucléaires français demeurent visibles dans la localité d'El-Hamoudia à 50 km au sud de Reggane. La nuit du 12 février 1960 est toujours gravée dans la mémoire des vétérans. La population de Reggane a été sommée à l'époque de porter des colliers dont le pendentif était un cliché mesurant l'intensité des radiations. Comme elle a été instruite, de la part du capitaine Miklon, de sortir des demeures pour servir de cobaye à une opération militaire, nommée la Gerboise bleue, dirigée par le général Charles Ailleret. Le lendemain matin, le 13 février, une détonation, d'une minute trente secondes, a été entendue à des dizaines de kilomètres à la ronde. Ce fut la bombe atomique française qui venait d'exploser. Le point zéro est déterminé, aucune vie ne pourrait subsister dans les 24 000 ans à venir. Douze heures après l'essai, le général de Gaulle reçoit l'information et réussit ainsi son introduction dans le “club” nucléaire mondial. Ce que la France ne voulait pas dire, c'est que cette opération avait provoqué la contamination de milliers d'Algériens. Des maladies incurables et des malformations congénitales sont les effets directs de ces essais. C'est à cause de ces expériences que la daïra de Reggane a le plus grand taux de cancéreux à l'échelle nationale. La plupart sont atteints de leucémie ou de cancer de la peau. La localité enregistre, aussi, le même taux en termes d'hypertendus, d'aveugles et de handicapés moteur. Alors que les femmes sont victimes de fausses couches persistantes et d'hémorragies internes. Quant aux nouveau-nés, des exemples effrayants ont été enregistrés à l'instar des monophtalmes, enfants ne possédant qu'un seul œil sur le front ou nés avec des doigts rétrécis. Pour ce qui est de la faune et la flore, nul être vivant ne pourrait vivre sur un rayon de 150 km. Alors que des études ont démontré que parmi les 60 chameaux traités, 10 souffrent de leucémie et de changement de paramètres dans leur hématologie. Ce crime contre l'humanité, commis sous les cieux la Ve République n'a pas divulgué tous ses secrets, puisque les lois indiquent que les informations concernant ces essais ne pourraient faire l'objet de recherche ou d'études qu'après soixante ans de leur exécution. Pour se prémunir des retombées drastiques de ces essais, la direction de l'environnement de la wilaya d'Adrar et le Commissariat à l'énergie atomique (Comena), ont procédé l'année dernière à la délimitation des zones à risque, et ce, afin de délimiter le paramètre grâce à une clôture de 7 km sur une longueur de 1 200 mètres linéaires. L. Ammour