C'est une aube tragique, zébrée de rouge et de peur, que la Kabylie a vécue hier. Vers le coup de 4h30 du matin, plusieurs explosions ont réveillé les citoyens des villes de Draâ Ben Khedda et de Mekla. Les explosions, qui ont secoué ces deux villes, ont été entendues à des kilomètres à la ronde, faisant même penser â un cataclysme naturel. Tôt le matin, les citoyens ont découvert, ahuris, l'objet de leur nuit mouvementée. D'abord à Draâ Ben Khedda, c'est le casernement de la Bmpj, sis à l'entrée de la ville au niveau du lieudit Mouldiouane, qui a laissé voir les stigmates de l'explosion de l'aube. Autour des lieux, une foule de curieux observant de loin l'armée entourer le siège de la Bmpj qui laisse voir des bâtiments soufflés par l'explosion d'une voiture piégée. Un bâtiment dans lequel habitent des familles de policiers et donnant sur la RN12, était dans un état des plus dégradés, les vitres et les fenêtres ont été soufflées et une partie du toit arrachée. un peu plus avant, dans l'enceinte de la Bmpj, la clôture est carrément détruite, tant il est vrai que l'explosion était puissante, à environ une centaine de mètres de cet endroit, les débris de la voiture piégée étaient encore là, démontrant de la fureur et de la douleur de la nuit rouge. La circulation était carrément un enfer. Pour sortir des lieux, il avait fallu emprunter des chemins de traverse. Selon des sources, ce sont en tout 14 personnes dont deux femmes qui ont été relevées blessées. A entendre la noria des sirènes des ambulances, on a la chair de poule. Plus à l'est de Draâ Ben Khedda et au niveau de la ville de Mekla, pratiquement à la même heure, comme si ces attaques étaient synchronisées, une autre voiture piégée explose devant le commissariat de cette ville. Les dégâts sont considérables, la façade du commissariat était totalement soufflée. Des morceaux de la boiserie des fenêtres sont retrouvés plus loin sur le trottoir. Et dans un rayon de 500 m aux alentours, plusieurs bâtiments ont souffert de dommages liés à cette explosion. A Mekla, ce sont deux policiers qui ont payé de leur vie, alors qu'un autre a été blessé, trois civils passant inopinément par là au moment de l'explosion ont eu de légères blessures. Enfin et près du village agricole de Boubhir, l'armée a aperçu une voiture Renault 4 stationnée sur les lieux, et le temps d'alerter les artificiers de la police qui étaient occupés à Draâ Ben Khedda, la voiture explose, un civil se trouvant sur les lieux par inadvertance est mort sur le coup. Alors que la wilaya de Tizi Ouzou est sens dessus-dessous avec les forces de l'ordre, qui sont sur le terrain, et une circulation des plus difficiles de Si Mustapha à Draâ Ben Kedda, la RN12 était un véritable cauchemar pour les automobilistes. Les citoyens, dans ces deux régions, ne savaient plus quoi dire, alors que tout le monde pensait le terrorisme à sa dernière extrémité, voici la bête immonde qui refait parler d'elle de façon sanglante! A Draâ Ben Khedda, la peur prend la place de l'angoisse et les gens, réveillés en sursaut à l'aube, ne savent plus où donner de la tête et expliquent difficilement ces attentats. Surtout que ces forfaits à peine appris, ce sont d'autres attentats ayant eu lieu dans la wilaya voisine de Boumerdès. La rumeur s'empare des citoyens et c'est à qui de dire qu'à tel ou tel endroit, une autre voiture piégée a sauté. Les gens sont affolés et les familles appellent qui Boumerdès, qui Bouira et qui Alger. La tension est à couper au couteau et personne n'est là pour rassurer les gens. L'indescriptible angoisse qui saisit les familles est à son comble. Il a fallu des heures pour que cesse, enfin, la sinistre noria des ambulances, qui faisaient le va-et-vient entre les lieux des explosions et le CHU, avertisseurs en marche, et a ajouté à l'atmosphère de peur et d'angoisse enserrant la région dans ses bras hideux.