L'Union européenne peine à trouver une conception commune du terrorisme et des moyens légaux de le contrer. La session plénière du Parlement européen (PE) ouverte lundi à Strasbourg, a débattu mercredi, sur base d'un rapport de la Commission des affaires étrangères, de la mise en place d'une «stratégie globale de lutte contre le terrorisme». Sous la conduite du député socialiste espagnol, Luis Yanez-Barnuevo Garcia, le rapport estime que: «La menace la plus sérieuse pour l'Europe provient, en ce moment, de groupes radicaux violents affirmant défendre l'Islam, comme le réseau criminel Al Qaîda et les groupes qui lui sont affiliés ou qui s'inspirent de son idéologie.» Aussi, le rapport adopté, rappelons-le, à une très large majorité par la Commission des affaires étrangères du PE, le 23 novembre dernier, regrette «le fait que certains Etats membres n'aient pas encore signé et ratifié certains des 16 instruments universels des Nations unies en matière de lutte contre le terrorisme.» De même, les députés insistent avec urgence à ce que les 27 Etats de l'Union s'accordent sur une définition commune du terrorisme. Ils souhaitent, par ailleurs, «la nécessité de lutter contre le blanchiment d'argent au sein et à l'extérieur de l'Union en soumettant à un contrôle efficace différentes organisations caritatives islamiques.» Sachant le caractère internationaliste du terrorisme, les élus européens appellent le Conseil européen, la Commission et notamment son Coordinateur de la lutte antiterroriste, le hollandais Gijs de Vries, à une coopération accrue avec les USA, tout en insistant sur «la nécessité de sauvegarder les principes fondamentaux des droits de l'homme.» En effet, les eurodéputés sont convaincus que seule la promotion, partout dans le monde, de la démocratie, de l'Etat de droit et des droits fondamentaux constitue la meilleure défense contre le terrorisme, et rappellent que «la crédibilité du message sera gravement compromise si ces principes ne sont pas strictement respectés.» Ce rapport de la Commission des affaires étrangères du PE illustre bien combien l'Union européenne peine à trouver, d'une part, une conception commune du terrorisme et des moyens légaux de le contrer, et d'autre part, une stratégie de coopération avec les USA de George Bush, tant ce dernier fait fi de tout respect ou précaution légale relatif aux droits fondamentaux de l'homme. C'est que pour l'Amérique, la présomption d'innocence dans les cas de terrorisme n'existe pas. A contrario de l'UE qui, se voulant le promoteur des droits de l'homme et des libertés démocratiques, est confrontée à la difficulté de cerner tous les centres pourvoyeurs d'idiologie terroriste. Les bases arrière de soutien et de financement du terrorisme ne sont pas toutes éradiquées en Europe. D'ailleurs, lors de cette même plénière de Strasbourg, la Commission parlementaire justice et affaires intérieures, s'est insurgée mardi après-midi, avec force contre les Etats membres, ainsi que le Conseil européen et la Commission de leur passivité, pour ne pas dire leur complicité dans les «activités illégales de la C.I.A» après les attentats du 11 septembre 2001 et jusqu'en 2005. Plus, les députés européens accusent Javier Solanas, le haut représentant de la politique extérieure de l'Union, et Gijs de Vries, le coordinateur de la lutte antiterroriste, d'avoir tous deux omis de dire toute la vérité sur les discussions qu'ils ont eues avec les Américains à propos des activités de la CIA dans sa lutte contre le terrorisme international. En clair, Américains et européens sont loin de s'entendre sur la définition, l'identification et les causes du terrorisme, autant que des moyens de le contrer.