Ils doivent mettre au point une stratégie commune pour démanteler ces réseaux Les patrons des services de renseignements de huit pays (Algérie, Tunisie, Maroc, France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Espagne et Italie) se réuniront prochainement à Paris pour examiner et contrer les conséquences éventuelles de nouveaux attentats d'Al Qaîda au Maghreb dans l'un des ces Etats, apprend-on de bonne source. Les services occidentaux craignent, en effet, de nouveaux attentats contre des objectifs français et américains au cours des prochaines semaines. Selon notre source qui a demandé à garder l'anonymat, la série d'attentats à la voiture piégée qui a visé la Kabylie, mardi dernier, intervenant un mois environ après l'attaque de deux véhicules de la société américaine BRC, à Bouchaoui, près d'Alger, constituent, a priori, deux signaux sérieux à prendre en considération pour ce qui relève des nouvelles méthodes opérationnelles introduites par le terrorisme tel que pratiqué par Al Qaîda. La simultanéité des explosions, le recours à la voiture piégée et la recherche de l'effet médiatique sur le plan international sont autant d'éléments qui viennent confirmer que l'on est passé à un nouveau stade dans la pratique du terrorisme en Algérie où le Gspc, passé sous la bannière de Ben Laden, innove en la matière avec des moyens humains et matériels plus consistants que l'on ne lui connaissait pas. Des explosifs et des «conseillers» étrangers ont été dépêchés en Algérie par l'organisation Al Qaîda avec pour but d'encadrer les groupes terroristes opérant dans la zone2, en Kabylie, considérée comme le bastion du Gspc, mais surtout comme la porte d'accès à la capitale. Les émirs des groupes terroristes sont invités à frapper plus fort à l'avenir et permettre ainsi un véritable redéploiement de leurs «forces» à travers d'autres régions du pays. A priori, seront ciblés les sites des casernements de l'armée, de la police et de la gendarmerie ainsi que les sièges des institutions étatiques. Cette contre-offensive des groupes d'Al Qaîda au Maghreb a bénéficié, au cours de ces dernières semaines, d'un apport financier important pour organiser des attentats, mais aussi pour allécher de nouvelles recrues islamistes tant algériennes que marocaines, tunisiennes et mauritaniennes. A la fin de l'année précédente, les services de la lutte antiterroriste tunisiens ont déjoué, grâce à l'aide de l'Algérie, des projets d'attentats meurtriers contre les ambassades des Etats-Unis et du Royaume-Uni à Tunis. Les dernières menaces du n°2 d'Al Qaîda, Aymen Zawahiri, sont prises très au sérieux à Paris, notamment en raison de la présence sur le sol français d'un nombre important d'éléments d'origine maghrébine susceptibles de constituer les réseaux de soutien logistique en cas d'attaques éventuelles. Seraient visés, particulièrement par ces attentats au Maghreb, les ressortissants des pays occidentaux opérant dans des sociétés et des représentations commerciales et diplomatiques. Les responsables des services de sécurité de ces huit pays doivent mettre au point une stratégie commune pour démanteler ces réseaux de soutien en Europe et les isoler de leurs contacts de la zone Maghreb dans une première étape.