Depuis les attentats anti-américains de New York et Washington, c'est le branle-bas de combat dans les capitales européennes. Craignant une éventuelle attaque ou du moins une activité subversive compromettante, les pays de l'Union ont lancé leurs polices, services de sécurité et autres cellules spécialisées dans une chasse à l'information islamiste de grande envergure. Ce qu'il y a lieu de constater d'abord, c'est le laxisme qui a caractérisé ces services durant près de dix ans, et le brusque revirement dans le traitement du dossier islamiste. Toutes les polices européennes ont été lancées aux trousses des activistes. Le renseignement intérieur est mis en état d'alerte maximale, et des connexions entre les divers pays européens ont été établies, en vue de planifier, coordonner et échanger les informations. Ainsi Interpol et Europol se réunissent épisodiquement pour des échanges d'informations. Les premiers effets de cette nouvelle politique commencent à apparaître. Les cellules du GIA et du Gspc sont mises sous haute surveillance et les plus actifs de leurs éléments sont traqués. En Espagne, sept éléments, qui disent appartenir au Gspc, ont été arrêtés. Trois sont des activistes connus des services de sécurité algériens et sont recherchés dans le cadre de la lutte antiterroriste depuis plusieurs années. On sait qu'officiellement, il existe près de 170 activistes algériens dans la péninsule ibérique. Aussi, l'arrestation de sept personnes uniquement reste insuffisante si l'on prend en compte l'ébullition activiste que connaît Madrid. On peut dire la même chose de la France, où près de 200 islamistes du GIA activent librement. Tout comme la Grande-Bretagne, où plus de 300 activistes circulent en Allemagne, en Belgique, en Suisse ou en Hollande. Aux Etats-Unis, le réseau Ressam continue à alimenter les soupçons envers tous ceux qui lui sont liés. Selon le FBI, Ahmed Ressam et Mokhtar Houari, emprisonnés par la justice américaine, ont été reconnus coupables d'avoir participé à la préparation d'attentats. Hier, un autre Algérien de 27 ans, Kamel Daoudi, a été expulsé de Grande-Bretagne vers la France, où il a été interpellé et placé en garde à vue dans les locaux de la DST. Les juges doivent l'entendre dans le cadre de l'information judiciaire ouverte le 10 septembre, concernant des menaces contre les intérêts américains en France. En Grande-Bretagne, où se concentre une grande communauté musulmane, dont un grand nombre d'islamistes fondamentalistes, ce n'est que depuis une semaine que Scotland Yard commence à étudier sérieusement les dossiers des islamistes algériens, en vue d'en extrader éventuellement quelques-uns, les plus radicaux. Mais tout cela ne répond pas à la demande algérienne qui, depuis près de dix ans, aspire à l'aide européenne, sans pour autant l'obtenir. Les noyaux durs de l'activisme islamiste dans les capitales européennes sont identifiés clairement et fichés par les polices et services de sécurité intérieurs, autant à Paris, qu'à Genève ou Bruxelles, Londres, Amsterdam ou Montréal, mais à aucun moment, ces capitales n'ont jugé utile d'aider l'Algérie tant que la menace était orientée uniquement vers elle. Toute la police européenne était au courant de l'activisme subversif des ex-élus et leaders du FIS. Les armes transitaient par la Bosnie et l'Albanie et arrivaient en Espagne, en Italie ou au Maroc, pour finir entre les mains criminelles des groupes armés en Algérie. Plusieurs procès se sont déroulés en France et en Italie pour juger des activistes au chef d'inculpation, notamment, d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise mafieuse. C'est notamment le premier grief retenu contre les 24 personnes dont le procès débute à Paris ces jours-ci, et qui va durer près de deux mois. Si les pays de l'Union ont pris l'engagement d'extirper les réseaux terroristes, ils le font surtout pour parer à toute mauvaise surprise contre eux. L'accord tacite qui les liait aux activistes ne tenait qu'à un fil, qui a été rompu. Jusqu'à quel point, les pays européens vont-ils aider l'Algérie, aussi bien dans ce chapitre que dans d'autres, liés à la situation sécuritaire? Il n'appartient qu'à eux d'apporter la réponse.