«Lorsqu'un musulman rencontre un chrétien, nous voudrions qu'il lui dise: «J'ai confiance en toi parce que tu crois en Dieu», selon Gassi. En 1852, à Lyon, l'Emir Abd El-Kader avait observé la foi des chrétiens faisant leur prière. «Il n'a pas caché son admiration», a indiqué, mardi, le cardinal Barbarin, pour résumer la nature des rapports souhaités, lors de la rencontre du dialogue islamo-chrétien, à la Bibliothèque nationale à Alger. Il a tenu à rappeler que le pape a regretté les propos faits en Allemagne avant d'énumérer les thèmes sur lesquels devrait porter le dialogue. Ammar Talbi prendra la parole pour souligner que «les musulmans étaient très optimistes du discours du pape Jean-Paul II mais nous avions été surpris par les propos de son successeur», avant d'ajouter: «Aujourd'hui, les musulmans sont les persécutés de la terre». Une autre intervenante n'hésite pas à qualifier les guerres d'Irak, de Palestine et d'Afghanistan de «croisades». Azzedine Gassi, du Conseil musulman Rhône-Alpes, estime que «le voyage a une portée spirituelle extraordinaire»; qu'il ne s'agit pas de «recherche de consensus mais d'entre-connaissance»; que chacun doit rester dans sa propre foi, dans sa proximité avec Dieu; car nous voulons que lorsqu'un musulman rencontre un chrétien, il lui dise: «j'ai confiance en toi parce que tu crois en Dieu». Monseigneur Tessier tente d'orienter le débat vers le «rattachement au monothéisme malgré les conceptions différentes». Il cite les cas de religieux chrétiens qui se sont sacrifiés pour la reconstruction de l'Algérie après l'indépendance dont l'un d'eux est allé à la place des Martyrs, a pris le premier bus en partance pour Tablat. Il s'est présenté là-bas et exprimé son voeu de pouvoir enseigner. Il y a enseigné jusqu'à sa mort. Mgr Tessier a achevé son intervention en lisant un extrait du testament de frère Christian, l'un des Trappistes de Tibhirine assassinés par le GIA. La délégation de religieux musulmans et chrétiens de France, conduite par le cardinal de Lyon, a effectué un voyage en Algérie durant lequel elle a visité Annaba, Souk Ahras, Constantine et Tibhirine. Invités par la Bibliothèque nationale, les membres de la délégation ont été surpris par l'assistance nombreuse venue à leur rencontre dont les chrétiens d'Algérie. Ils ont tenté de poursuivre le dialogue déjà entamé au mois de Ramadhan dernier. Le dialogue entre religieux n'est pas non plus dénué de passion et d'émotion. Chaque partie veut aller vers la découverte de l'autre sans renier sa propre foi. L'Algérie présente le meilleur cadre pour ce genre de dialogue de par son passé de cohabitation, de brassage de cultures, de religions différentes, de guerres, de frustrations, de partage, de pardon.