L'association des Ulémas musulmans d'Algérie (UMA), présidée par Abderrahmane Chibane, a reçu hier à Dar El Iman, à Alger, une délégation française islamo-chrétienne. En Algérie depuis samedi dernier, cette délégation, conduite par monseigneur Barbarin de Lyon et Azzedine Gaci du conseil régional du Culte musulman de la région Rhône-Alpes, vient réaffirmer son attachement à « l'amitié » islamo-chrétienne et sa volonté d'engager un « sérieux » dialogue des religions. Le cheikh Abderrahmane Chibane a reçu favorablement cette volonté manifeste de renforcer les relations de fraternité liant d'abord les peuples algérien et français mais aussi les musulmans et les chrétiens. Insistant sur le fait que l'Islam est une religion de tolérance et de respect de l'autre, le cheikh a précisé, à cette occasion, que les guerres du passé comme celles d'aujourd'hui ne surviennent pas à cause des religions. Mais elles sont dues plutôt à des causes et raisons politiques, économiques et culturelles. Azzedine Gaci a, de son côté, souligné la cohabitation existant entre musulmans et chrétiens et appelle à renforcer le dialogue interreligions à même de mieux expliquer l'Islam aux non-musulmans. Selon lui, il faut conjuguer les efforts entre associations musulmanes et chrétiennes afin que les musulmans gagnent la confiance des chrétiens et vice-versa. Le cardinal Barbarin a, pour sa part, estimé « important » de multiplier de tels échanges interreligions à même de mettre des « passerelles solides » entre les mondes musulman et chrétien. Selon lui, « le grand avantage de ces voyages, c'est qu'en écoutant l'autre, j'ai envie de devenir davantage moi-même. Quand je vois un musulman qui vit sa foi avec force, alors j'ai envie de devenir davantage chrétien, c'est peut-être ça le succès ou l'intérêt de ces rencontres et de ce dialogue interreligions ». Pour que ce dialogue soit reflété concrètement sur le terrain, monseigneur Barbarin trouve qu'il faut d'abord accomplir le travail de théologie. Ensuite, aller vers l'explication des actes spirituels et des pratiques religieuses. « Ce à quoi je rêve, c'est que les juifs, les chrétiens et les musulmans dont les principaux commandements sont communs, nous partions au Burkina Faso ou au Cameroun et que nous ouvrions un centre de soins pour les malades du sida ensemble. A ce moment-là, le dialogue interreligions sortira des paroles et deviendra quelque chose de concret. Et les gens vont voir que c'est pour l'amour de Dieu qu'ils se sont engagés pour quelque chose qui est dans leur intérêt », indique-t-il. Monseigneur Barbarin affirme qu'un tel geste pourrait « parler mille fois plus que les colloques internationaux ».