Les trottoirs ont disparu sous l'envahissement des «installations» provisoires de ces marchands. La haute Kabylie possède plusieurs marchés hebdomadaires à l'image de ceux plus connus et plus fréquentés, comme celui du Sebt à Tizi Ouzou, celui de Boghni ou encore des Ouadhias, d'Aïn El Hammam et Azazga, pour ne citer que quelques-uns de ces lieux de rencontre et d'échanges. Jadis, les marchés étaient des lieux de rendez-vous des populations qui venaient des villages pour faire leurs emplettes et pour avoir des nouvelles des amis et des membres de la famille que l'on ne rencontrait que de temps à autre. Ces marchés ont été, également, le vivier dans lequel le mouvement national a pu répandre les idées et aussi cultiver le nationalisme des citoyens. Cette particularité a conduit l'occupant, lors de la guerre de Libération nationale, à fermer quelques-uns de ces marchés. Aujourd'hui, même si ces lieux ont gardé leur attractivité et en sus, réussi à «produire» d'autres moins grands, le chômage aidant, de nombreux jeunes gens ont eu l'idée de se ruer vers ce qui apparaît comme le seul secteur où les profits semblent appréciables: le commerce. Il ne se passe pratiquement pas de semaine sans que l'on ne constate la naissance d'un marché informel dans nos villes et même souvent dans nos villages. La chose est passée dans les moeurs, et l'Etat ne pouvant ou ne voulant pas de la politique de répression, semble ne plus savoir où donner de la tête devant cette montée en nombre de ces endroits. Des trottoirs, dans beaucoup de nos villes, ont, depuis longtemps, disparu sous l'envahissement des «installations» provisoires de ces marchands qui prospèrent bien, apparemment. D'autres lieux ne sont pas oubliés, et le moindre espace est investi par ces marchands qui ne «comprennent pas» souvent que ces commerces peuvent nuire, souvent durablement, à l'environnement. Pour exemple, on peut citer ces jeunes de Draâ Ben Khedda qui n'ont pas hésité à se construire de véritables gourbis sur une rue assez fréquentée de la ville, défigurant ainsi le paysage. Cela a poussé les autorités à réagir, peut-être sans prendre le temps de faire dans la pédagogie, et à détruire au bulldozer ces baraques aussi inesthétiques que possible et surtout érigées sans la moindre autorisation. En réponse à cette décision des autorités, les jeunes ont versé dans l'émeute, devant le regard impuissant et souvent, hélas, admiratif des citoyens. Par ailleurs, on reste sans voix devant une autre de ces scènes qui a fait des rails de la Sntf, près de la gare de cette dernière ville, un véritable dépotoir, et cela au vu et au su des autorités qui semblent très peu pressées d'intervenir. Si dans la ville de Tizi Ouzou, l'on procède, de temps à autre, à des campagnes de lutte contre ce phénomène, notamment dans les rues passantes, le résultat n'est guère reluisant. Il est vrai que chassés d'un endroit, ces jeunes squattent un autre espace. Comment faire devant ce chancre qui enlaidit l'environnement et lui assène des coups des plus rudes? On sait que ce phénomène est le fruit de la crise qui semble s'éterniser, avec le changement de vision économique du pays. L'ancien tardant à partir, et le nouveau mettant trop de temps à se mettre en place. Cette situation suscite des tares qu'il faut prendre en charge de manière très rapide et plus efficace. Les mécanismes mis en place laissant apparaître sinon leur incapacité, du moins leur insuffisance à prendre en charge les divers aspects du problème. Il semble temps que les uns et les autres se mettent et rapidement à réfléchir afin de faire en sorte que le «péril du chômage» soit rapidement circonscrit. Les communes, dont plusieurs ne sont pas en mesure d'assurer jusqu'au paiement des traitements de leurs agents, ne semblent guère outillées pour ce faire. La véritable réponse à donner est, certes, dans la création d'emplois, une réponse que seul un investissement soutenu peut faire.