Ce sont 45 chefs de famille, coopérateurs dans un projet immobilier piloté par la Société d'études et constructions tous travaux Algérie (Sectal), qui crient leur colère contre ce que certains désespérés appellent l'affaire «Khalifa II». Un état des lieux a été présenté hier, à la Maison de la presse Tahar-Djaout à Alger, avec force détails par les membres du directoire de la coopérative immobilière «El-Amal El Waîd», lors d'une conférence de presse animée par la présidente de la coopérative Mme F. Delhoumi. Responsables et simples coopérateurs se sont succédé pour essayer de communiquer leur désarroi à travers la presse et passer leur message désespéré aux décideurs. C'est dans une atmosphère pénible, pleine d'émotion et d'angoisse, de larmes discrètes pour certaines femmes, mais cependant imprégnées par une foi totale en la justice républicaine et fortement colorée d'espoir, que les conférenciers et intervenants ont exposé les différentes étapes de leur «mésaventure immobilière». Le calvaire commence en 1992 lorsque les malheureux coopérateurs s'engagent dans un projet immobilier à Dély Ibrahim, dans la banlieue d'Alger, avec promesse de remise des clés en 1994 date à laquelle le chantier démarre réellement. Entre 1992 et 1996, la majorité des coopérateurs (95%) paient leur villa, le reste ayant réglé leur dû au comptant. A cette époque, le promoteur, Sectal en l'occurrence, demande à la Cnep un prêt de 35 milliards de centimes, et acquiert en 1999 un terrain mitoyen à celui destiné à la coopérative. Le prêt consenti par la Cnep pour Sectal n'ayant pas été encore remboursé, le promoteur l'hypothèque au bénéfice de la Cnep à l'insu, bien sûr, des coopérateurs. Aujourd'hui, le drame éclate: la Cnep veut vendre le terrain où ont été érigées quelques carcasses, en piteux état, des villas de la coopérative pour récupérer son dû. La mise à prix aux enchères pour la vente, le 10 mars prochain, est fixée à 39 milliards de centimes au plus offrant. Cette opération risque fort de se faire si les autorités concernées ne mettent pas le holà, craignent les coopérateurs lésés dans leur droit le plus élémentaire. Devant cet état de fait, les coopérateurs ont tous subi des préjudices financiers, moraux et familiaux face à ce drame assimilé à une escroquerie qui ne dit pas son nom. Cependant, le promoteur reste intouchable car changeant sans cesse de numéro de téléphone, d'adresse et même de banque.