S'ils vendent nos maisons aux enchères, je jure qu'il y aura des suicides sur le chantier ! », frémit M. M.I., membre de la coopérative des réservataires des 55 villas Bouchebouk Dely Ibrahim. Ils sont 45 à avoir été séduits par ce projet immobilier de la société Sectal et à y avoir jeté leurs économies, leur avenir, toute une vie. Pour rien. Dès juillet 1992, les premières réservations de villas sont signées avec la société, sur la base d'un contrat notarié stipulant que la remise des clés s'effectuera le 12 août 1994. Les souscripteurs ignorent alors que le promoteur ne possède ni le terrain, qu'il achètera en octobre de la même année, ni le permis de construire, qu'il obtiendra... le 21 août 1994. Jusqu'en 1996, tous retards de part et d'autre sont discutés à l'amiable et les versements d'argent effectués correspondent aux travaux réalisés. Mais le 24 avril 1996, la CNEP met en place une convention de financement du projet avec le promoteur Sectal, à l'insu des réservataires, sur la base d'une hypothèque du terrain constituant, pour l'établissement prêteur, une garantie en cas de non-remboursement. Et c'est là que le bât blesse : en effet, le promoteur immobilier, qui aurait utilisé cette somme pour l'achat d'un terrain mitoyen en 1997, abandonne alors le chantier des villas promises. En contrepartie, certains des réservataires cessent de lui verser l'argent qu'il continue à demander et exigent, en vain, le remboursement des frais avancés. D'autres se sont acquittés jusqu'à ce jour de leurs remboursements tout en poursuivant à leurs frais les travaux. Mais pour tous, le résultat est le même : le promoteur n'ayant pas remboursé le prêt de la CNEP, le terrain et ses villas, dont les réservataires ne possèdent toujours pas l'acte de propriété, ont été mis aux enchères hier, au tribunal d'Alger, au bénéfice de la banque qui a pourtant souhaité rencontrer, le 4 mars, les réservataires de Dely Ibrahim afin d'envisager avec eux une solution à l'amiable. Ces derniers ont accepté collectivement, après négociations, de rembourser la dette de Sectal en sus de leurs frais antérieurs et en contrepartie de l'acquisition, tant espérée, de leurs biens. Cet engagement a été confirmé par un envoi avec accusé de réception à la banque. A ce jour, ils attendent encore une réponse. Hier, le report de la vente du terrain et des bâtisses au 7 avril prochain n'était pourtant dû qu'à l'absence d'un huissier. Dans l'attente de cette date, l'angoisse de voir leur vie basculer les tient toujours.