Belkhadem semble être animé par le seul souci de faire gagner le parti. Le secrétariat de l'instance exécutive du FLN est en conclave. Loin des feux de la rampe, l'équipe de Belkhadem s'attèle à mettre au point les listes finales qui seront appelées à entrer en compétition contre les autres listes émanant de partis ou d'indépendants. L'opération devrait se terminer le 30 mars. Le lendemain, les têtes de listes recevront leurs accréditations puis iront déposer les dossiers aux guichets de l'administration. C'est dire que les yeux de milliers de militants-candidats restent braqués tout au long de la semaine sur les signaux de fumée qui apparaîtront dans le ciel de Hydra. Le suspense va durer une longue semaine-peut-être la plus longue dans l'histoire du FLN- qui sera couronnée par l'annonce officielle des listes. La méthode du FLN est simple. Les kasmas ont collecté toutes les candidatures, sans exclure aucune, qu'elles ont remises aux bureaux de mouhafadha qui les ont remises à leur tour aux superviseurs. Ces derniers les ont regroupées, ont rédigé des rapports détaillés et les ont déposés au niveau de la direction. La direction a chargé une équipe qui a dressé des fiches techniques pour chaque candidat. Ces données sont enregistrées et emmagasinées dans un fichier. L'équipe des sept étudie les dossiers sur la base de ces fiches techniques en présence du superviseur de chaque mouhafadha. Mais il faut noter que ces superviseurs, qui n'ont passé que trois jours dans la mouhafadha donnée, n'ont pas les informations exactes pour donner un avis objectif sur des gens qu'ils ne connaissent pas. En conséquence, le dernier mot revient à la direction qui évalue les dossiers suivant des critères rigoureux. Ces critères doivent refléter la compétence du candidat, sa formation, son militantisme continu (sept ans au moins pour les députés), son assiduité, sa crédibilité, sa représentativité sociale ou politique, sa disponibilité, etc. Le choix de tête de liste doit obéir à des critères supplémentaires comme la qualité du candidat à mener campagne, à savoir communiquer, convaincre et créer l'engouement des électeurs autour des thèmes porteurs du parti. Le président de la République peut avoir un avis sur les têtes de listes du FLN parce qu'il est, statutairement, président du parti. Hormis ce détail, tous les candidats se valent, pourvu qu'ils sachent conduire à bon port une campagne électorale des plus farouches. Le FLN, autant que les autres partis, n'échappe pas aux tentatives de corruption en période électorale. Son secrétaire général a dit tout ce qu'il avait sur le coeur après les dernières sénatoriales. «L'argent en politique est comme le vinaigre dans le miel», disait-il. Ce qui n'a pas empêché beaucoup de gens, sans aucune filiation organique avec le parti, de déposer leurs candidatures. Ces cas risquent de poser de sérieux problèmes à la commission ad hoc conduite par Belkhadem parce que leurs candidatures sont souvent accompagnées de recommandations. La tâche de Belkhadem s'avère difficile à plus d'un titre. Mais sa démarche est simple. Il est animé par le seul souci de faire gagner le parti. C'est la seule et unique motivation. Il doit faire de telle sorte que les ambitions personnelles, quelle que soit leur proximité avec la direction, cèdent le pas aux aspirations du parti. La semaine s'annonce difficile dans le sens où le suspense sera à son apogée. Les téléphones portables ne répondent plus. Et malin est celui qui peut dire qui conduira telle ou telle liste, tant que Belkhadem n'a pas dit son dernier mot.