Enième mépris à l'égard du monde musulman. La relaxe du directeur de l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, Philippe Val, qui était poursuivi par deux organisations musulmanes, notamment la Grande Mosquée de Paris (GMP) et l'Union des organisations islamiques de France (Uoif), auxquelles s'était jointe la Ligue islamique mondiale, pour avoir publié, en 2006, des caricatures du Prophète (Qsssl), suscite interrogations et désapprobation. Au moment où le législateur français prend le soin de faire appliquer, à la virgule près, la loi condamnant le révisionnisme et condamne des personnalités, à l'image de Maurice Papon pour la déportation de juifs pendant la Guerre mondiale et non pour le massacre des Algériens, l'impunité totale est consacrée à une publication qui se permet d'attenter à ce que les musulmans ont de plus cher, à savoir leur religion et leur Prophète (Qsssl). On se permet même de faire l'amalgame entre Islam et extrémisme, puisque le juge, lui-même, a justifié son verdict par le fait que les caricatures incriminées dénonçaient l'islamisme et non l'Islam. Le tribunal n'a donc fait que confirmer le réquisitoire du 7 et 8 février où la représentante du parquet avait requis la relaxe, notamment au nom de la liberté d'expression. A noter que l'annonce, jeudi, de la décision du tribunal correctionnel de Paris a été saluée par des applaudissements. Côté réactions, le ton est à la solidarité. Après la classe politique française, notamment les candidats à la prochaine présidentielle, à savoir Sarkozy et Bayrou, qui avaient apporté un soutien direct à Charlie Hebdo, c'est au tour de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce) de saluer «la relaxe de (...) l'hebdomadaire satirique (français) Charlie Hebdo». Le quotidien danois le Jyllands-Posten qui avait publié le premier des caricatures du Prophète Mohamed, n'a pas raté l'occasion, lui aussi, pour se féliciter du jugement rendu. Dans un communiqué sur le site Internet du quotidien Jyllands-Posten, le rédacteur en chef du journal, Carsten Juste, a estimé que «rien de moins qu'un acquittement complet aurait été une catastrophe pour la liberté d'expression et la fondation entière de notre société démocratique». Là aussi, le journal danois, tout comme d'ailleurs ses semblables, feignent d'ignorer la distinction entre démocratie et diffamation à l'encontre de la deuxième religion de France.