Le procès intenté par la Grande mosquée de Paris et l'Union des organisations islamiques de France (Uoif) contre l'hebdomadaire français Charlie hebdo pour avoir publié en 2006 des caricatures blasphématoires à l'encontre du prophète Mohamed (Qsssl), s'est ouvert, hier devant le tribunal correctionnel de Paris. La publication est poursuivie pour «injure publique à l'égard d'un groupe de personnes en raison de leur religion». Cette fois encore la provocation était à son comble. Le quotidien Libération-encore lui- invoquant la «solidarité» avec l'hebdomadaire incriminé, a publié les mêmes caricatures, à l'origine du procès. Le procès, qui doit durer deux jours, a suscité la mobilisation d'intellectuels et de responsables politiques de droite comme de gauche pour lesquels une condamnation de Charlie Hebdo constituerait une atteinte à la liberté d'expression. Pour sa part, usant de termes injurieux, le directeur de Charlie Hebdo, Philippe Val, a d'emblée justifié la publication de ces caricatures en affirmant devant le tribunal correctionnel: «Qu'est-ce qu'il reste au citoyen si on ne peut plus rire des terroristes? Si on ne peut pas en rire, on est foutu!». Une appréciation que ne partage pas toute la société française, puisque selon un sondage récent, plus des trois quarts des Français jugent «inacceptable» de se moquer publiquement des religions. Par ailleurs, les parties civiles se sont concentrées sur l'une des caricatures incriminées qui, selon elles, crée un amalgame entre musulmans et terroristes. Côté Mosquée de Paris, le ton invite à l'apaisement et au respect mutuel entre les religions. Usant de termes mesurés, le recteur de la Mosquée de Paris avait, rappelons-le, estimé que ces dessins blasphématoires sont «susceptibles de jeter un sentiment de haine» sur tous les musulmans. Lors d'une conférence de presse donnée, vendredi, conjointement avec Maître Francis Szpiner, il avait indiqué que «c'est une affaire de caricatures qui incite au racisme», tout en insistant sur la nécessité de lutter contre le racisme et l'islamophobie. C'est, apparemment ce que le directeur de Charlie hebdo vient de faire à travers des déclarations frisant la provocation à l'égard des musulmans. Pour mettre un terme à toute équivoque et dissiper les amalgames Me. Szpiner avait déclaré que ce procès n'est «ni celui de la liberté d'expression ni celui de la laïcité». A noter que dans une lettre lue à l'audience par un avocat de la défense, le ministre de l'Intérieur et candidat à la présidentielle, Nicolas Sarkozy a apporté son soutien au journal «au nom de la liberté de rire de tout». Enfin, de nombreuses autres personnalités, comme le leader centriste Frangois Bayrou ou le chef du Parti socialiste, François Hollande, devaient, également, intervenir en tant que témoins cités par Charlie Hebdo.