«Le procès est reporté pour complément de procédure à la prochaine session du tribunal criminel», en mai-juin, a annoncé le président du tribunal. Le procès de Amari Saïfi alias Abderrazak El Para, et six de ses acolytes, Farah Oamar, Aît El Hadi Mustapha, Marouf Ali, Yakhlef Azzedine, Aïssani Yacine et Khaldi Nadir, qui devait se dérouler, hier, au tribunal criminel d'Alger a finalement été reporté. «Le procès est reporté pour complément de procédure à la prochaine session du tribunal criminel», en mai-juin, a annoncé le président du tribunal, Mahfoud Zibouchi, quelques minutes après son ouverture. Son procès programmé dans l'agenda de la session criminelle du tribunal d'Alger, ouverte depuis le 24 février dernier, Amari Saïfi est accusé de plusieurs chefs d'inculpation dont appartenance à une organisation terroriste armée, assassinats, kidnapping, détention d'armes de guerre, appartenance à une organisation terroriste étrangère...Son sinistre palmarès renseigne sur le profil de cet émir au statut à part. L'ancien numéro deux du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) est un ex-officier des forces spéciales qui a fait l'école militaire de Biskra et déserteur des rangs de l'ANP en 1991, au début de l'insurrection islamiste en Algérie. Il s'est illustré sur le plan médiatique dans l'action terroriste perpétrée par son groupe le 4 janvier 2003 contre un convoi militaire près de Batna. Bilan: quarante-trois soldats tués. Un attentat qui provoque l'émoi au sein de la population. Le crime signé laisse perplexe les observateurs. Février 2003, El-Para lance une autre opération terroriste qui occupera le devant de la scène médiatique internationale: entre le 22 février et le 23 mars, trente-deux touristes européens (seize Allemands, dix Autrichiens, quatre Suisses, un Suédois et un Néerlandais) sont enlevés dans la région d'Illizi, en plein Sahara. L'Europe est mobilisée et découvre celui qui sera appelé par la suite le «Ben Laden du désert». Un groupe d'otages sera libéré au mois de mai par les forces de l'ANP après un assaut donné à Tamanrasset et le reste des captifs suivra au mois d'août après des tractations obscures entre différents services de sécurité internationaux ayant abouti au versement, soutiennent certaines sources, d'une rançon de 7 millions de dollars par les gouvernements concernés, à savoir, l'Allemagne, la Suisse et l'Autriche. Une Allemande décédera dans le désert, où elle sera enterrée. L'affaire place le Gspc sur la liste des organisations terroristes soupçonnées d'avoir des attaches avec Al Qaîda de Oussama Ben Laden. L'Occident se mobilise pour combattre le groupe terroriste et El Para, capturé par un mouvement rebelle du Tchad, le Mouvement pour la démocratie et la justice du Tchad (Mdjt), est demandé par le gouvernement allemand. Mais il sera extradé, finalement, vers son pays d'origine grâce à une médiation libyenne après la demande faite dans ce sens par les autorités algériennes. Durant sa détention au Tibesti (Tchad), il aura la visite d'une équipe de journalistes de la télévision française, à laquelle il se présentera comme un combattant islamiste sans aucun lien avec Oussama Ben Laden et son organisation terroriste. Janvier 2005, il est auditionné par le procureur de la République près le tribunal d'Alger et placé sous mandat de dépôt en attendant qu'il soit jugé. Un premier procès est programmé pour le 24 avril 2004, mais il n'aura pas lieu. Tous les autres procès dans lesquels est impliqué la figure emblématique du Gspc, seront reportés pour diverses raisons: absence de ses acolytes, complément de procédures...Enigmatique personnage, il a survécu à un parcours du combattant et de terroriste aguerri ayant fréquenté les chefs de file du Gspc dont la majorité a été éliminée par les services de sécurité. Son jugement permettra de dévoiler sa véritable face cachée. L'on sait qu'il a, également, exercé dans la garde rapprochée de l'ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, et a rejoint les maquis islamistes après une opération d'évasion spectaculaire de la caserne de Beni Messous avec un groupe de fidèles compagnons, militaires comme lui. Il est l'artisan de la pénétration de l'activisme islamiste armé dans la région du Sahel.