Il semble avoir choisi la voie la plus difficile pour aligner ses candidats aux élections. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a donné vendredi des détails précis sur l'opération de filtrage des candidatures. Il y avait devant nous plusieurs variantes, indique-t-il. La première consistait à choisir les têtes de liste pour ensuite les associer à la classification des candidats dans chaque circonscription. La seconde se voulait être une consultation avec les associations représentatives de la société pour dégager ensuite les candidats les plus représentatifs. Une troisième variante devait reposer sur le choix des kasmas auxquelles on demandait un seul candidat, mais cette variante pouvait générer des problèmes de rejet ou d'exclusion pour des raisons qu'on peut deviner. Elle n'a pas non plus été retenue. La quatrième s'avère être la plus difficile, selon l'expression même de Belkhadem. Cette démarche s'effectue en trois temps. Les kasmas rassemblent tous les dossiers, sans exclusion, puis effectuent un filtrage organique; c'est-à-dire définissent le parcours du militant et son attitude vis-à-vis de sa cellule de base; s'il renouvelle sa carte chaque année, s'il paie ses cotisations, s'il assiste aux assemblées générales, etc. Même si la kasma émet un avis négatif sur le dossier de candidature, elle doit faire parvenir le dossier à la direction qui décidera en dernier ressort. La mouhafadha revoit les conditions et critères puis transmet le dossier au superviseur qui rédige un rapport détaillé avant de remettre les dossiers à la direction. Cette opération s'est achevée. La dernière étape -elle débute logiquement aujourd'hui- se jouera entre les sept membres du secrétariat de l'instance exécutive. Ils procèdent à un système de notation sur des fiches qui seront informatisées et sauvegardées dans des CD. Ces données serviront à dégager les 40 premiers candidats de chaque circonscription. Ce n'est qu'après que la classification finale sera faite sur des bases «politiques». La formule retenue permettra d'éloigner le spectre des susceptibilités entre militants parce que «l'évaluation centralisée n'a pas les mêmes pesanteurs» que celles de la base, explique Belkhadem. Il souligne, toutefois, que ce choix n'a été contesté par personne. «Il y a eu unanimité de l'instance exécutive car aucune voix ne s'est élevée pour critiquer cette variante. Vous pouvez leur poser la question. Ils vous le confirmeront», rassure-t-il. En effet, cette procédure n'est pas dénuée de «subjectivité», reconnaît-il, mais elle n'est que le couronnement de toute une procédure, somme toute logique, garantie par le préalable des engagements signés par chaque candidat. Elle permettra aussi d'éviter le rush sur les listes indépendantes. En décalant la date d'annonce des listes aux limites des délais impartis par l'administration, le FLN coupe l'herbe sous les pieds des mécontents qui s'amuseraient à se lancer dans la collecte des signatures pour se présenter en listes indépendantes et qui feront, à coup sûr, du tort aux listes du parti. L'expérience récente des sénatoriales est encore vivace. Belkhadem ne veut en aucun cas pécher par ignorance. Interrogé par les journalistes sur le rôle du président de la République dans la classification des listes, Belkhadem indique qu'il est «président du parti» et qu'il a «un avis» à émettre; «je ne dis pas que les candidatures passent par le président; l'étude des dossiers relève des compétences de la commission». Il y a la question lancinante des ministres-candidats et des responsables du parti, y compris Belkhadem. Il ne veut ni confirmer ni infirmer sa candidature. Mais les responsables ont le droit de se présenter. Il y a même l'idée de les encourager à se présenter pour donner du tonus à la campagne électorale qui s'annonce difficile. Mais il tient à souligner que la candidature d'un ministre ne gêne en rien les autres militants parce que si tel ministre est maintenu en poste, il donnera l'occasion à un autre militant de siéger à l'Assemblée. C'est doublement bénéfique pour le parti. Il précise, toutefois, que les responsables n'ont pas besoin de déposer leurs candidatures au niveau des kasmas. Leurs dossiers seront traités à un niveau centralisé. Il rappelle que les responsables (cas des sénateurs) qui comparaissent devant les commissions de discipline seront traités par la commission nationale. Il est évident que le FLN veut mettre tous les atouts en main pour réussir le raz-de-marée annoncé. Le vieux parti semble vouloir faire sombrer son clone dans un naufrage historique. Le feuilleton des législatives n'est donc qu'à son commencement.