Dans une lettre adressée jeudi dernier au président de la RASD, Abdelaziz Bouteflika n'y est pas allé de main morte. «Le peuple algérien, qui n'a jamais accepté le chantage dans son soutien aux causes justes et qui n'a de cesse été solidaire des luttes des peuples colonisés, ne saurait, en aucun cas, manquer à ce devoir à l'égard du peuple sahraoui frère.» C'est par ces propos, sans nuance aucune, que le chef de l'Etat a réaffirmé la position de l'Algérie par rapport au processus de décolonisation du Sahara occidental. La phrase du Président de la République, contenue dans une lettre adressée au président de la RASD, a le mérite d'être claire et remet les termes du débat à leur place. En clair, il n'est pas question pour l'Algérie de céder au chantage du royaume marocain, dont le sport favori, depuis 1998, est de poser périodiquement la question du Sahara occidental sur la table de l'UMA et, partant, user du chantage à chaque fois que le Maghreb était en passe de réaliser un saut qualitatif dans son parcours. A travers cette mise au point on ne peut plus claire, Bouteflika traduit le souci de l'Algérie de rester «fidèle à son Histoire et à ses origines et ne saurait admettre le fait accompli quelles qu'en soient sa forme et son origine.» Et le chef de l'Etat de préciser: «La cause sahraouie (...) n'est nullement un problème passager où l'on passe sous silence les droits de ses propriétaires.» Une autre manière de dire que les gesticulations répétitives des officiels marocains ne sauraient détourner l'Algérie de son devoir de soutien «à votre cause juste et vous assure (l'Algérie ndlr) de son appui total pour une solution juste et durable qui garantit le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, loin de toute contrainte politique, militaire ou administrative.» Une précision de taille, si l'on prend en considération les menaces, tant politique, militaire qu'administrative à peine voilées de l'Etat marocain, au lendemain de chaque session de l'ONU sur la question du Sahara occidental. Cela étant, dans sa lettre au président sahraoui, Bouteflika a réitéré la position officielle de l'Algérie, à savoir «le règlement de la cause sahraouie conformément aux décisions de l'Organisation des Nations unies et du Conseil de sécurité et notamment, les principes de la charte onusienne relatifs à l'autodétermination des peuples, servira l'intérêt de tout un chacun, et sera tel un ciment qui consolidera l'Union du Maghreb arabe que nous oeuvrons à construire sur des bases solides». Autrement dit, le dossier est sous juridiction de l'ONU et son règlement ne peut dépendre des manoeuvres d'une ou de l'autre des parties en conflit. En fait, dans sa lettre, le chef de l'Etat a exprimé le voeu de l'Algérie de voir le conflit prendre fin, sans pour autant égratigner la légalité internationale, en cédant à un chantage à ciel ouvert.