L'Algérie compte augmenter le prix de vente de son gaz d'un dollar par million de British Thermal Unit vendu à l'Espagne. L'Algérie approvisionne près de 60% du marché espagnol en gaz, acheminé par le biais du gazoduc Maghreb Europe (GME). Cette décision du gouvernement algérien n'est en fait qu'un alignement du prix du gaz algérien sur le prix du gaz pratiqué par d'autres pays producteurs tels que la Russie ou la Norvège. Les prix de vente actuels n'ont cependant pas été annoncés par le ministre algérien de l'Energie et des Mines. Invité hier matin de la Rédaction de la Chaîne III, M.Chakib Khelil a fait part, dans sa déclaration, du désir de l'Algérie d'aligner ses prix sur ceux pratiqués en ce moment sur le marché du gaz. «L'Algérie négocie la révision du prix de son gaz pour l'aligner sur les prix actuels», a annoncé Chakib Khelil. «Les fournitures de gaz livrées à travers le GME dépendent d'anciens contrats dont les prix de vente sont plus bas que les prix obtenus des autres clients desservis dans la péninsule ibérique», a tenu à rappeler le ministre. Il faut souligner que, hasard du calendrier, cette déclaration intervient la veille de la visite d'Etat qu'effectue à partir d'aujourd'hui le roi d'Espagne, Sa Majesté Juan Carlos, en Algérie et de la réunion de l'Opep prévue à Vienne en Autriche. Le volet de l'énergie devrait sans aucun doute occuper une place privilégiée dans les discussions algéro-espagnoles. «Il y aura un dollar de plus, probablement par million de BTU que ce qui est facturé actuellement», a ajouté le ministre. L'Algérie devrait engranger à travers cette augmentation un revenu supplémentaire qui avoisinerait les 150 millions de dollars. L'équivalent des exportations de certains secteurs de l'économie algérienne hors hydrocarbures. Le gazoduc Maghreb Europe en service depuis dix ans, en 1996 plus précisément, dessert l'Espagne via le Maroc et le détroit de Gibraltar, à partir de Hassi R'mel. 12 milliards de mètres cubes sont ainsi exportés à travers le GME vers le Portugal ainsi que d'autres pays européens chaque année. 90% du gaz exporté par l'Algérie est vendu sur le marché européen. Les recettes de l'année 2006 ont représenté 650 millions de dollars. Chakib Khelil s'est voulu convaincant en présentant des arguments qui ne présentent aucune signe de velléité vis-à-vis des principaux partenaires de l'Algérie. «Nous voulons ramener ces prix à des niveaux raisonnables qui tiennent compte des augmentations des prix du gaz sur le marché international tout en tenant compte des incidences sur les consommateurs espagnols, avec des formules qui seront revues dans le temps», a précisé le ministre, donnant ainsi un caractère légitime à cette hausse pour le moins inattendue, par le grand public, mais apparemment inévitable. Ce qui augure de relations diplomatiques et économiques franches et sereines entre les deux pays, l'Algérie et l'Espagne. Les lois du marché étant ce qu'elles sont, il n'est donc ni question de vendre à moindre coût les richesses du sous-sol algérien, ni de faire de la concurrence déloyale aux autres pays exportateurs de gaz. Par ailleurs, l'occasion a été saisie par le ministre de l'Energie pour dissiper tout malentendu et écarter toute éventualité de création d'un «cartel du gaz», souvent agité en épouvantail par des protagonistes avides de polémiques. L'accord stratégique signé par la compagnie nationale Sonatrach et le géant russe du gaz, Gazprom, a soulevé une vive crainte des Européens, exprimée par la voix du commissaire européen à l'Energie, M.Pielbags. M.Chakib Khelil a tenu à exprimer clairement la position de l'Algérie sur cette question. «A quoi servirait une Opep du gaz, puisque nous avons déjà une Opep du pétrole qui définit indirectement le prix du gaz.» Voilà qui devrait rassurer les pays européens et mettre fin à cette «paranoïa» de voir émerger un cartel du gaz sous la houlette du géant russe Gazprom.