Ils viennent de différents horizons avec l'unique ambition de décrocher un siège dans l'hémicycle. Ce sont pour la plupart les mécontents du FLN. Même si Belkhadem a ouvert la voie à tous ceux qui veulent se présenter de le faire, comme pour les mettre devant le fait accompli, ils refusent de croire à la générosité injustifiée, au moment où les commissions de discipline brandissent l'épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Au lendemain même de l'annonce de Belkhadem, on a vu des députés sortants et autres anciens maires ou simples élus faire la quête des signatures dans les quartiers populaires. Toutefois, ils ne sont pas les seuls. Il y a les nantis qui veulent aussi un statut de prestige doublé d'une immunité qui met à l'abri des répressions fiscales. Car il y a eu des antécédents où les plus malins on été rattrapés par le temps, une fois leur mandat expiré. On retrouve également les mécontents de Ouyahia. Ces derniers savent comment leur chef opère dans le choix des candidats et ont déduit que leurs chances sont réduites, même si au plan local, ils ont des accointances avec l'administration. Ils tentent alors leur chance en allant à la chasse des 400 signatures. Il y a parmi eux les «pestiférés» de Djaballah. Disqualifié au dernier quart d'heure, le parti qui a provoqué la surprise aux législatives de 2002 se retrouve, le dos au mur, pendant que ses adversaires, conduits par Boulahia, choisissent aisément leurs candidats en priant pour que leur sort soit dissocié de leur prédécesseur Ennahda. Il y a les anciens maquisards de Madani Mezrag. Il faut dire que ce n'est un secret pour personne. Ce dernier a maintes fois annoncé ses intentions de se présenter. Il veut à tout prix aller à l'hémicycle pour prêcher la bonne parole. Il souhaite aller avec ses compagnons.Et pourquoi ne pas constituer un groupe parlementaire si le ciel est clément? Il y a enfin tous les partisans des mouvements associatifs, des patriotes, des anciens de n'importe quoi, des femmes et des hommes qui se croient représentatifs d'une frange de la société ou investis d'un pouvoir surnaturel qui les autorise à émerger du lot, pendant que la «populace» qu'ils sont censés représenter patauge dans son marasme quotidien. Les listes indépendantes foisonnent dans l'immense espace géographique. L'espoir est autant immense; il est à la dimension des ambitions de chacun. La voie est ouverte à tous. Les candidats se démènent, collectent les signatures, retirent les formulaires, rassemblent les dossiers, les remettent à l'administration et attendent. Mais personne ne sait quel sort réserve Zerhouni à ces listes. S'il laisse tout le monde se présenter, on aura quasiment un candidat pour dix électeurs. De cette manière, il permettra à ceux qu'on tient à l'oeil de passer entre les mailles du filet. Mais on sait en revanche, que Zerhouni n'aime pas noyer le poisson. Il faut s'attendre, par conséquent, à un filtrage systématique des listes. Beaucoup de candidats indépendants risquent d'être déçus. Il est vrai qu'on vit dans un pays démocratique, qu'on dispose d'une certaine liberté mais dire que l'équipe de Zerhouni va permettre à n'importe qui de se présenter aux élections serait une vue de l'esprit.