700 milliards de centimes sont, chaque année, versés aux 389 députés. Sans compter les 129 sénateurs. Et les quelque 8000 élus locaux. La facture est vraiment salée. On y est presque. C'est la dernière ligne droite. La majorité des députés s'en iront dans moins de trois mois avec le sentiment du devoir accompli. 90 projets de lois votés en provenance de l'Exécutif. 2000 textes de lois amendés. Tel est le bilan d'une mandature qui prendra fin le 17 mai prochain. Un bilan mitigé. Huit ordonnances présidentielles passées, sans l'ombre d'une opposition, comme une lettre à la poste. Carence de conviction oblige, la cinquième législature aura été marquée par l'absence d'effervescence, d'une part et surtout des députés, d'autre part. Et ceux qui n'ont pas brillé par leur absence ont le plus souvent voté des lois qu'on leur soumettait sans les avoir auparavant étudiées. Ainsi, au cours d'une magistrature, les «élus du peuple» ont voté 90 lois. Dans moins de trois mois, il sera procédé au renouvellement des 389 sièges de l'actuelle Assemblée populaire nationale (APN) en attendant les locales prévues pour octobre prochain. Ainsi, l'Algérie compte près de 10.000 élus nationaux et locaux dont beaucoup cumulent mandats, revenus et multiples avantages. Un décryptage des budgets des assemblées et des indemnités des différents mandats mettra à jour les dérives de l'économie nationale. Un peu moins de 90.000DA nets, vous répondront les députés si vous les questionnez sur leur revenu au titre d'élu de la nation. Un chiffre frôlant, certes, la réalité mais qui s'avère incomplet. Car il ne s'agit que de sa mensualité. A cette dernière, il faudra ajouter la prime de restauration qui s'élève à 20.000 dinars sans parler de la prime de logement de l'ordre de 50.000DA. Et comme si cela ne suffisait pas, l'«élu du peuple» percevra une indemnité équivalente à son salaire pendant cinq ans à la fin de sa mandature. Et ce n'est pas fini, ces «élus du peuple» bénéficient de moult avantages allant de prêts sans intérêts pour l'acquisition de véhicules à la construction de villas en plus des voitures de service et des micro-portables et mobiles téléphoniques. Ces «élus» savent-ils au moins que le transport public existe? Ainsi, il apparaît qu'un «élu du peuple» est rémunéré en moyenne cent cinquante quatre mille dinars (154.000DA) mensuellement. Et rien que pour les 389 députés siégeant à l'APN, l'Etat débourse, annuellement, autour de 700 milliards de centimes. A cela, il faudra ajouter les 129 sénateurs siégeant au Conseil de la nation et les 1529 présidents d'APC sans oublier leurs 5 vice-présidents, détachés de leurs fonctions. Et la facture sera salée. De quoi donner le tournis au simple citoyen; pardon électeur. Et c'est à se demander si la démocratie se mesure à l'aune du nombre d'élus. D'autres nations, dotées d'institutions solides entretiennent beaucoup moins d'élus que l'Algérie. Certes, dans d'autres pays l'élu est mieux rémunéré mais il tient beaucoup plus compte des souhaits de ses électeurs. En effet, les «élus du peuple» quand ils ne se distinguent pas par leur absence à l'hémicycle, ne se sont le plus souvent intéressés qu'à leur confort et privilèges. Et il n' y a qu'à se rappeler les débats consacrés à leurs «honoraires» pour avoir une idée de leurs préoccupations réelles. Du coup, les programmes présentés lors des campagnes électorales sont relégués aux calendes grecques et seul le calcul étroit prend le dessus, ce qui n'est pas sans porter préjudice à l'action politique et à la démocratie en général. Raison de plus pour ne plus payer autant de parlementaires, et à un tel prix! Trop nombreuse, la classe politique est aussi trop chère. Les privilèges des élus peuvent être supprimés, et les contribuables attendent des actes en ce sens. Pire, certains «élus» n'apparaissent dans leurs circonscriptions qu'à l'occasion des élections pour transformer leurs locaux, quand ils existent, ce qui est rare, en lieu de négoce de mandature. Tous ces éléments constituent les ingrédients d'un jeu malsain dont les conséquences s'avèrent désastreuses sur le processus démocratique. Aussi, les pouvoirs publics ont le devoir d'y remédier par les moyens juridiques et pratiques en imposant, entre autres, une prime de présence à l'hémicycle. Ce n'est qu'à ces conditions que l'Algérie pourra être citée comme pays démocratique et disposer d'institutions élues authentiques capables de servir l'intérêt du pays et du citoyen.