Ni le rapport du département d'Etat américain et encore moins les déclarations de l'ambassadeur américain à Alger, ne sont en mesure de contrebalancer la position espagnole et française sur la question. Le département d'Etat américain dénonce les violations des droits de l'homme au Sahara occidental par les autorités d'occupation marocaines. C'est ce qui est mentionné dans le rapport sur l'état des droits de l'homme dans le monde, publié mercredi sur le site officiel du département d'Etat. C'est une réalité, mais qui n'est assurément pas en mesure de changer la donne. Ni le rapport du département d'Etat des USA et encore moins les déclarations de l'ambassadeur américain à Alger, ne sont en mesure de contrebalancer la position espagnole et française sur la question. Ainsi, le rapport du département d'Etat des USA et la position de Robert S. Ford par rapport au projet marocain dit «d'autonomie pour le Sahara occidental» ne peuvent être pris au sérieux. Tout d'abord parce que ledit rapport n'engage aucunement, et d'une manière concrète, les responsables américains. Car, si Condoleezza Rice, à titre d'exemple, venait à prendre un jour la même position que celle mentionnée dans le rapport américain, cela changera sans le moindre doute, la donne à propos de la question sahraouie. Surtout si elle ajoutait que le plan marocain «d'autonomie» est en contradiction flagrante avec le droit international et les résolutions de l'ONU sur le sujet. Ensuite, la déclaration, pleine de bonnes intentions, de l'ambassadeur américain à Alger, Robert S. Ford, selon laquelle «le projet d'autonomie marocain est vide», n'est qu'un jeu diplomatique loin de constituer une position américaine au sens propre du terme. Le rapport, même s'il relate plusieurs cas de détention, de torture et d'emprisonnement, ne peut être, en fin de compte, qu'un document d'usage pour les ONG et autres organisations humanitaires. Dès lors, pourquoi le département d'Etat américain ne préconise-t-il aucun point d'arrêt à la dérive marocaine? Autrement dit, c'est un rapport vide de solutions et ne marque nullement une avancée dans la position américaine. Washington qui ne s'est pas prononcé-jusqu'ici- sur le projet marocain, tente par ailleurs de préserver ses intérêts dans la région du Maghreb. C'est ainsi qu'en mars 2004, les USA ont signé un accord de libre-échange avec le Maroc. Celui-ci fait partie d'un vaste projet américain (le projet Eizenstat) qui vise à créer une zone de libre-échange entre les trois principaux pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) et les Etats-Unis. Ainsi, le rapport du département d'Etat américain et la déclaration de Robert S. Ford sur le Sahara occidental semblent plutôt ménager la chèvre et le chou. Et, après tout, les intérêts économiques reflètent clairement les positions politiques d'un pays. Sinon, si ce n'est pas une guerre d'intérêts, pourquoi la question sahraouie traîne-t-elle encore. C'est ce qui explique l'impuissance de l'ONU face aux intérêts économiques de certains Etats.