Les visites de trois ministres français dans la capitale algérienne, en ce mois de juillet, sont accueillies favorablement par la diplomatie sahraouie. “Le renforcement des relations algéro-françaises vont apporter un équilibre dans la position de Paris”, nous a confié, hier, l'ambassadeur de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD) à Alger, Mohamed Beïssat Islem. Selon lui, “le seul obstacle” pour un règlement juste du conflit du Sahara Occidental reste “la position française”. “Il y a un problème entre le passionnel et le rationnel dans la politique maghrébine de Paris”, a également soutenu M. Beïssat Islem, en notant que celle-ci devrait écouter les autres sons de cloche. “Dans la politique maghrébine, l'Algérie a son mot à dire, le Maroc a aussi son mot à dire et les Sahraouis, même s'ils possèdent un petit pays, ont leur mot à dire… La politique maghrébine ne veut pas dire la seule voix du Maroc”, a-t-il dit. À propos du “ballet diplomatique” qui s'ouvre aujourd'hui à Alger, avec l'arrivée du chef de la diplomatie française, et qui se poursuivra au cours de ce mois avec le déplacement des ministres de la Défense et de l'Economie et des Finances de l'Hexagone, et du chef du gouvernement espagnol, il a estimé que “l'intérêt de la communauté internationale pour la recherche d'une solution rapide” est une très bonne chose. “Je n'ai pas d'appréhension, pour la simple raison que la France a déjà essayé d'intervenir militairement dans le conflit maroco-sahraoui dans les années 1970. Elle a aussi lancé une campagne diplomatique contre le Sahara Occidental, en Afrique et au niveau du Conseil de sécurité, dans les années 1980, 1990 et même 2000. Les Sahraouis sont une réalité irréversible. Ils ont prouvé leur capacité de résistance et leur attachement à leurs droits. Personne, pas même la France, ne peut nier cela”, a déclaré le diplomate sahraoui. Quant à l'Espagne, il n'a pas caché que les accords qu'elle a signés secrètement avec le Maroc et la Mauritanie, le 14 novembre 1975, “n'étaient pas conformes à la légalité internationale et n'ont apporté ni la paix, ni la stabilité, ni le développement”. “L'Espagne a déjà fait le pire, elle ne peut pas faire plus que cela. Elle a initié les accords tripartites de Madrid, signé des accords stratégiques avec le Maroc, vendu des armes et aidé financièrement ce pays. Toutes les mauvaises voies ont été explorées par l'Espagne et la France. Il ne reste à l'Espagne et à la France que le chemin de la légalité”, a encore révélé notre interlocuteur. Interrogé sur l'après-démission de James Baker, l'ambassadeur de la RASD a reconnu que son départ “a créé un vide qui est occupé à présent par les autres partenaires concernés par la stabilité du Maghreb”, en se référant à la France, l'Espagne et les Etats-Unis. Selon lui, le département d'Etat américain s'est positionné par rapport au dossier sahraoui, le 9 juillet, en invitant le Maroc à un règlement du conflit “dans le cadre du plan Baker et le cadre de l'ONU”. “Nous espérons que la France et l'Espagne, en tant que partenaires les plus proches, adhèreront à la même position et encourageront le Maroc à coopérer avec les Nations unies, pour l'application de la résolution 1495 portant sur le plan Baker”, a-t-il conclu. H. A.