Selon M.Ford, «les Marocains ne nous ont fourni aucun détail concernant la teneur de leur projet». Le chapelet à la main avec comme souhait d'apprendre par coeur, à la fin de sa mission en Algérie, les 99 noms qualificatifs d'Allah, l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger, M.Robert S. Ford a abordé tous les dossiers sensibles ayant trait à la région du Maghreb. En plus de l'extrémisme religieux, terreau favorable aux groupes terroristes, le diplomate américain a évoqué le non moins déterminant dossier du conflit du Sahara occidental. Un sujet d'actualité, d'autant plus que le Royaume chérifien s'apprête à soumettre, au mois d'avril prochain, au Conseil de sécurité de l'ONU, son projet controversé, dit de l'«autonomie» du Sahara occidental. M.Ford rappellera, à ce titre, que «les Etats-Unis avaient soutenu, en 2003, le plan Baker, mais malheureusement la partie marocaine ne l'a jamais mis en exécution». Il notera, à propos de la campagne menée par Rabat auprès des principales capitales occidentales et également des membres permanents du Conseil de sécurité, que la délégation, reçue le 12 février dernier par M.William Burns, sous-secrétaire d'Etat pour le Maghreb et le Moyen-Orient, «n'a rien proposé de concret». D'ailleurs, selon notre hôte, «les Marocains ne nous ont fourni aucun détail concernant la teneur de leur projet». Un document, qui manque donc de crédibilité, aux yeux de M.Ford. M.Burns a, d'ailleurs, fait savoir aux diplomates marocains que «si vous rejetez le plan Baker, vous devez présenter une alternative crédible», c'est-à-dire qui ne soit pas en contradiction avec les résolutions internationales. Il ajoutera que tout projet ne doit, non seulement, pas être en contradiction avec les résolutions approuvées par les parties en conflit, mais doit reconnaître le Front Polisario comme interlocuteur incontournable. «Nous soutenons tout débat constructif entre les deux pays», indique M.Ford, qui estime que la solution ne réside pas dans la reprise de la guerre entre les belligérants. Avant d'ajouter que «toute solution doit être politique...ce que, aussi bien l'Algérie, les Etats-Unis et la communauté internationale, comprennent parfaitement». La situation dans les camps des réfugiés sahraouis n'a pas été en reste dans l'intervention du diplomate américain. Ce dernier, tout en se référant à un récent ouvrage de James Baker, qui constitue «une véritable sympathie à ces populations qui souffrent» affirme que le Royaume chérifien doit contribuer pleinement à trouver, avec la communauté internationale, une solution viable et acceptable entre les parties en conflit. Notre invité a tenu, en conclusion, à exprimer le soutien de Washington au peuple sahraoui. Il convient de rappeler que la position de principe des Etats-Unis par rapport à la question du Sahara occidental consiste à permettre au peuple sahraoui de s'exprimer en toute liberté dans le cadre du libre choix du peuple sahraoui de sa destinée. Une position exprimée sur le terrain par la visite, il y a deux années, d'une importante délégation de sénateurs américains dans les territoires occupés et qui avaient soutenu l'autodétermination du peuple sahraoui. Un projet initié sous l'égide des Nations unies et que le Royaume chérifien a tué dans l'oeuf en entravant l'opération d'identification des électeurs. Le Conseil de sécurité dont les résolutions n'ont pas été respectées par Rabat, va-t-il approuver un projet qui n'existe que dans les «rêves» de ses initiateurs? Une chose est sûre, aussi bien à Alger qu'à Washington, on estime que le plan Baker est toujours d'actualité.