Les statistiques font état de plus de 2000 candidats en attente de recrutement. La wilaya de Souk Ahras a bénéficié, en ce début de l'année 2007, de 400 contrats de préemploi (CPE), contre 380 enregistrés durant l'exercice écoulé. Ce maigre quota est réparti comme suit: 239 destinés aux jeunes titulaires d'un diplôme universitaire cycle long et 161 pour les techniciens supérieurs. Ces jeunes universitaires des promotions 2005 et 2006, en quête d'emploi depuis des mois, vont être placés dans le secteur économique et celui de l'administration. Il convient de souligner que pour les opérateurs privés, les débouchés restent insignifiants avec 34 contrats seulement. Malgré cette bouffée d'oxygène, le problème du chômage est loin d'être résolu. Les statistiques, récemment fournies par la Direction de l'emploi des jeunes (DEJ), font état de plus de 2000 candidats en attente de recrutement. Malheureusement, ils sont contraints d'attendre un second quota qui sera finalisé au mois de juillet prochain, nous dit-on. Le moins que l'on puisse dire pour une ville où le taux de chômage dépasse les 20% de la main-d'oeuvre active, inutile de chercher loin en versant dans de vaines extrapolations. Les raisons de cet indigeste quota s'explique essentiellement et sans conteste, par la réalité économique de la région marquée par la sempiternelle faiblesse du tissu industriel local, réduit à une demi-douzaine d'unités de modeste envergure qui n'offrent que très peu ou prou des perspectives d'emploi. C'est donc sans surprise, mais avec beaucoup de désappointement que les quelque 2000 postulants en attente d'embauche ont accueilli les maigres CPE concédés par la tutelle. Cette situation de quasi-impasse conduit à s'interroger, de manière sérieuse, sur l'efficacité de ce dispositif conçu pour endiguer la pandémie du chômage, mais dont la mise en train laisse apparaître des signes évidents d'essoufflement. Il est vrai que ce triste constat ne s'applique pas nécessairement à toutes les wilayas du pays, dont certaines se prévalent, à très juste titre, de l'éclatante réussite de l'expérience CPE. A Souk Ahras, il y va autrement, malheureusement. Depuis la mise en oeuvre du processus du préemploi en 1998, seuls 2200 universitaires sur les milliers de prétendants ont pu accéder à leur première expérience professionnelle, parmi lesquels une centaine a réussi la gageure. Le reste, tout le reste, a été prié de retourner à ses chères études en maugréant contre ce procédé en trompe-l'oeil qui se propose de calmer momentanément la douleur du chômage sans jamais la guérir définitivement. En rien, dupes, les universitaires, eux, gardent toujours une lueur d'espoir en cette formule, en quête désespérée d'un sésame pour entretenir l'illusion et prolonger l'insensé rêve, même s'ils savent tous qu'au bout de 24 mois (dans le meilleur des cas) d'intégration au monde de l'emploi, ils finiront, comme leurs prédécesseurs, par être éjectés du circuit, faute de postes ou tout simplement faute d'une vision claire au départ de ce projet, certes ambitieux, mais qui pèche par le peu de cas fait manifestement aux spécificités et aux capacités de chaque région. Dans cet esprit, il serait maladroit, et à la limite injuste, de croire que Souk Ahras dispose des mêmes atouts qu'Alger ou Oran. Résultat: une insondable démotivation se saisit de ces forces vives, mues en forces inertes, confrontées, dans la foulée de ce rejet déguisé, dans leur conviction que l'université, décidément, ne sert qu'à former des désoeuvrés, des inactifs atrophiés au contact d'une réalité toute en adversité déclinée. Alors, le CPE version «Algérie» ne serait-il, en fin de compte, que répit furtif dans l'impitoyable guerre d'usure qui consume à petit feu le formidable potentiel juvénile national? Simple question. Il faut le dire, le préemploi en Algérie ressemble à cette montagne qui a accouché d'une souris.