Tous les acteurs passeront au scanner et nul ne sera exclu par le concasseur évaluatif, à en croire le ministre. Le ministre de l'Education nationale table sur une réussite de 75% au baccalauréat. Au terme d'une réforme «controversée», Boubekeur Benbouzid veut achever l'année, la dernière du processus de réforme, avec le sentiment du devoir accompli. Pour ce faire, le ministre veut assurer aux candidats une assise pédagogique confortée par des cours de soutien à longueur d'année. A la condition que les parents s'y mettent. Explication: ces cours de soutien permettront aux enseignants de gonfler leurs salaires grâce aux heures supplémentaires. Les parents d'élève sont appelés aussi à mettre la main à la poche. Le ministre, qui a choisi le slogan de la démocratisation de l'enseignement, n'a pas expliqué, néanmoins, s'il s'agissait d'une démocratisation quantitative ou qualitative. D'après lui, interviewé hier par la Radio nationale, il s'agit d'assurer «une école gratuite et pour tout le monde». A cela, s'ajoute la qualité de l'enseignement, mais dont la portée des correctifs n'a pas encore été évaluée. Tous les acteurs passeront au scanner et nul ne sera exclu par le concasseur évaluatif, à en croire le ministre. Cela se fera à la fin du processus de la réforme, c'est-à-dire de la démocratisation de l'enseignement. Le stade actuel étant de mettre à niveau les collégiens de la troisième année secondaire, en l'occurrence les élèves de terminale. Le ministre n'a pas tardé à annoncer la couleur. «Les résultats sont nettement meilleurs après la mise en marche de la réforme». Si cette certitude s'applique aux résultats du Bac de l'année 2006, cela s'avère crédible eu égard aux chiffres annoncés. En toile de fond existe aussi une autre réalité si amère. La déperdition scolaire est de l'ordre de 100.000 élèves en 5 ans, les années dites «de la réforme» incluses. Certaines autres sources ont annoncé un chiffre plus effrayant qui flirte avec la barre des 2 millions d'élèves exclus du système éducatif. Serait-elle la face cachée de l'iceberg? Le bilan devra se faire à la fin de l'année. Quoi qu'il en soit, Boubekeur Benbouzid veut faire avaliser sa loi sur l'orientation qui se trouve dans les tiroirs de l'Assemblée nationale. Cette loi reprend les grands axes de la démocratisation de l'école, sa gestion, le manuel et le professeur. Dans la foulée, quelque 210.000 enseignants seront formés d'ici à 10 ans pour uniquement le primaire. Quant au manuel scolaire, le chiffre est appelé à croître avec, comme prévision, l'édition d'environ 60 millions de livres scolaires. Au sujet du bras de fer qui l'oppose aux syndicats des enseignants, le ministre de l'Education nationale annonce avoir saisi la justice pour retirer sa plainte. Mieux encore, le ministre se dit prêt à négocier avec le ministre du Travail, l'agrément de ces syndicats. Bien évidemment, «à la condition de travailler dans l'intérêt de la famille de l'éducation». Serait-ce la réconciliation?