El Gueddafi fait encore des siennes et refuse de prendre part au sommet ordinaire arabe en Arabie saoudite. Le Sommet arabe ordinaire du 28 et 29 mars prochains de Riyad, en Arabie Saoudite, se tiendra à un moment où les Arabes semblent plus que jamais partagés, comme l'illustre la nouvelle saute d'humeur du guide libyen, Maâmar El Gueddafi qui fera faux bond au rendez-vous saoudien. Le cas El Gueddafi -qui ne semble pas avoir purgé son contentieux avec le roi Abdallah d'Arabie- n'est guère une surprise, en vérité, connaissant l'humeur changeante et versatile du maître de la Libye. Mais il n'y a pas que le cas libyen qui préoccupe quand les Arabes, d'une manière générale, ne semblent s'accorder sur rien, ce qui amena des dirigeants saoudiens à faire la tournée des pays arabes dans l'espoir de calmer le jeu afin d'assurer, à tout le moins, le succès du Sommet arabe qu'héberge l'Arabie Saoudite, même si d'ores et déjà il est patent que ses résultats en seront fort modestes. Outre les dossiers habituels qui reviennent à chaque rencontre arabe, notamment libanais et irakien, le Sommet de Riyad examinera, à nouveau, le «fameux» plan de paix -initiative de l'alors prince Abdallah depuis roi d'Arabie Saoudite- adopté par le sommet de Beyrouth d'avril 2002 sous le label de «plan de paix arabe». Plan, rappelle-t-on, rejeté «globalement et dans le détail» par le Premier ministre israélien de l'époque, Ariel Sharon. Or, voici que les Etats-Unis, et surtout Israël, trouvent aujourd'hui des mérites à un plan arabe qui offrait alors la paix à Israël en échange des territoires arabes occupés en 1967, principe sine qua non pour une paix véritable dans la région. Les Etats-Unis qui font aujourd'hui une nouvelle lecture du plan arabe, adopté il y a cinq ans, comptent s'appuyer sur lui dans leur démarche pour sortir le processus de paix de l'impasse où il se trouve depuis plusieurs années. Même son de cloche du côté d'Israël lorsque l'actuel Premier ministre israélien, Ehud Olmert, lui trouve des «mérites» et estime que c'est là une «base convenable» pour de futures négociations, indiquant, jeudi dernier, devant des responsables de kibboutz que «l'initiative saoudienne est intéressante et contient de nombreux éléments que je serai prêt à accepter» et M.Olmert d'ajouter: «Elle pourrait très certainement constituer une base convenable pour de futures discussions entre nous et les éléments arabes modérés. Je l'ai dit plusieurs fois récemment et je le pense toujours.» C'est donc, tenant compte de cette nouvelle donne, que les Arabes ont décidé de sortir le plan de paix de la naphtaline en vue de l'actualiser, d'une part, et faire de nouvelles offres dans la perspective de négociations sérieuses, d'autre part. Car, il est évident que seul le principe de retrait total d'Israël des territoires arabes occupés, et notamment les territoires palestiniens, comme le droit au retour pour les Palestiniens, conformément à la résolution 194 du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée en novembre 1948, sera le gage de négociations sur des bases saines et sérieuses afin d'assurer définitivement la paix au Proche-Orient, car il est tout aussi évident que ni la «pax israéliana» ni la «pax américana» n'ont de chance de passer en l'absence de véritables ouvertures de la part d'Israël, notamment pour ce qui est de la création de l'Etat palestinien indépendant avec tous les attributs de la souveraineté. Tout autre vision de la paix restera dès lors caduque et ne sera d'aucun apport pour la recherche de l'instauration de la paix. D'ailleurs, réagissant aux déclarations israéliennes, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a indiqué, le dernier week-end à Amman, «nous attendons une offre de connaître la position d'Israël concernant la paix» israélo-palestinienne. Or, souligne-t-il, «nous ne constatons aucune offre, aucune discussion sur une paix sérieuse». Or, l'Occident semble mal poser le problème de la paix au Proche-Orient ne prenant en compte que les desiderata d'Israël et en focalisant sur le Hamas, alors que le plan arabe de paix engage 22 pays arabes, et non point un quelconque parti, fût-il palestinien. Si mercredi prochain, le Sommet arabe confirme son attachement au plan de paix arabe adopté à Beyrouth -les Palestiniens étant partie prenante dans l'offre-, c'est sur la base de ce plan, qui est un plan d'ensemble arabe, qu'Israël, les Etats-Unis ou le Quartette doivent alors négocier. Donc, le Hamas n'est point un handicap, comme en 2002 le Fatah du défunt président Yasser Arafat, (alors prisonnier dans son QG de la Mouqataâ à Ramallah, Sharon lui ayant interdit de rejoindre Beyrouth) n'a pas, de même, été un obstacle pour la formulation d'un plan de paix qui est celui du monde arabe avec l'approbation des représentants du peuple palestinien. De fait, lors de la formation du gouvernement d'union, le Hamas en acceptant de respecter les accords signés par l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) accepte, de facto, donc le plan de paix arabe dans lequel l'OLP est partie prenante. Aussi, tout autre lecture du plan de paix arabe par Israël serait biaisée et ne constituera qu'une énième diversion, art dans lequel l'Etat hébreu est passé maître, pour échapper à ses responsabilités dans le dossier palestinien.