De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali A voir les multiples magasins de vente de matériel informatique à Oran, ce marché est en constante évolution et draine des sommes importantes. Difficilement accessibles il y a quelques années (d'où l'ouverture frénétique de centaines de cybercafés, souvent dans des locaux inadéquats), les ordinateurs et leurs accessoires sont très vite entrés dans les mœurs et les foyers. Par ailleurs, il est devenu très difficile pour les cybercafés de résister : «A présent que tout le monde peut acquérir un ordinateur et s'abonner à Internet, il n'y a plus de raison de continuer dans cette activité», explique l'un d'eux en montrant une dizaine de postes inoccupés. Alors qu'on ne cesse de parler de la faiblesse du pouvoir d'achat et de l'incapacité d'une grande partie des Algériens à faire face à l'explosion des prix des produits de large consommation, beaucoup parviennent quand même à «réserver» un budget pour l'acquisition du précieux ordinateur, en attendant celui de la connexion Internet. «C'est comme pour les paraboles. Vous allez dans n'importe quel bidonville, vous trouverez toujours une parabole fixée en haut d'un toit en tôle ondulée. S'évader de son quotidien et oublier ses soucis, c'est devenu vital», remarque très justement un vendeur. Pour ceux qui ne peuvent s'acquitter du prix du produit informatique, il existe des formules de facilités qui arrangent tout le monde. Comme celle pratiquées par un centre commercial qui a pignon sur rue dans le centre-ville d'Oran, et qui propose à ses clients de prendre la marchandise (produits informatiques comme d'autres produits ménagers) et de payer par tranches. Mais pour cela, il n'accorde aucune garantie sur les produits et les vend un peu plus cher que tous les autres magasins. Tel est le prix à payer pour bénéficier de cette facilité. Le reste des magasins de matériel informatique vendent moins cher, certes, mais leurs produits sont payables sur place et cash. «Certains détaillants se sont essayés à la vente par facilités,ils courent toujours derrière leur argent. Ici, c'est ‘‘ched med ya Ahmed'' [littéralement donnant-donnant] et ça vaut mieux pour tout le monde», nous dira un vendeur.Les prix, eux, ne varient pas énormément d'un détaillant à l'autre mais ils sont supérieurs de 2 000 ou de 3 000 dinars par rapport aux importateurs. Exemple : un même laptop de la même marque Samsung, présentant certaines spécificités, est proposé à 54 500 DA chez un importateur alors qu'un détaillant le propose à 60 000 DA. Un autre ordinateur portable de marque HP, en vente chez l'importateur pour la modique somme de 64 000 DA, est proposé en vitrine pour 70 000 DA. «La marge est assez conséquente mais vous avez la possibilité de négocier. Et cela, les détaillants le savent et le prennent en compte lorsqu'ils déterminent le prix», expliquera un importateur. Alors que les connaissances informatiques de l'Oranais lambda se limitaient, il n'y a pas longtemps, à l'ordinateur, la disquette et l'imprimante, il s'est aujourd'hui hissé à un niveau où l'on discute capacités de stockage, onduleur, téléchargement, compression… ; d'où l'extrême variété des produits importés et mis en vente. Cela va de la carte graphique au lecteur graveur en passant par le flash disk, la carte d'acquisition, la carte mère, le microprocesseur, la webcam, les mémoires… «Les jeunes d'aujourd'hui ont poussé avec l'ordinateur comme d'autres ont grandi avec le lecteur vidéo. Il n'est pas étonnant qu'ils aient cette maîtrise de l'informatique. Avec l'Internet, ils évoluent plus rapidement encore», estime un père de famille qui dit s'étonner chaque jour de la facilité avec laquelle son garçonnet de 13 ans manie le PC familial.