Le Chef du gouvernement israélien reporte même son voyage à Washington pour mieux montrer son indisponibilité à discuter de paix. Son entrevue avec son homologue palestinien n'a abouti à rien de concret. Peu avant l'entame de la première rencontre officielle entre Ariel Sharon et Abou Mazen, pour discuter de la “feuille de route” du quartette, une vague d'attentats suicides a secoué Israël, réduisant à néant les chances de succès de ce rendez-vous. Une attaque a été menée samedi soir contre une colonie juive à Hébron, au cours de laquelle un couple de colons israéliens fut par un kamikaze palestinien mort dans l'opération, qui a causé des blessures à deux policiers israéliens. Hier matin, un autre kamikaze s'est fait exploser dans un bus à Jérusalem-est. Sept Israéliens ont péri dans cet attentat suicide et vingt autres ont été blessés. L'auteur de l'opération s'était déguisé en religieux juif avec une kippa sur la tête, trompant ainsi la vigilance de la police israélienne, qui rapporte l'information. Rapidement après, non loin de l'endroit de l'attentat, un second kamikaze s'est fait également exploser près d'un barrage routier, sans faire de victimes israéliennes. Il n'en fallait pas plus pour le patron du Likoud pour cesser toute discussion de paix. Les trois heures d'entretien qu'il a eu samedi dernier au soir avec Mahmoud Abbas n'ont servi à rien. L'attentat de Hébron, qui a précédé la rencontre entre les deux hommes, aura constitué le prétexte tant recherché par Sharon pour refuser tout dialogue de paix, en dépit des regrets et de la condamnation de l'attaque par Abou Mazen. Le boucher de Sabra et Chattila s'est accroché à la nécessité de voir le gouvernement palestinien mettre fin à toutes les attaques anti-israéliennes pour entamer un dialogue de paix, selon un communiqué des services de Sharon. Côté palestinien, le principal conseiller de Yasser Arafat, Nabil Abou Roudeina, a déclaré que la rencontre “n'avait donné aucun résultat concret”. A l'appel de Mahmoud Abbas pour l'application de la “feuille de route” par Israël, Ariel Sharon détournait la discussion et répondait par des généralités, évitant toute réponse franche et directe. Il attend probablement le résultat de son séjour à Washington, reporté à une date indéterminée, pour statuer sur le sujet. Le chef du gouvernement israélien, refusant tout dialogue, convoque une réunion de son cabinet pour hier en fin d'après-midi, afin d'étudier la situation à la lumière de cette vague d'attentats anti-israéliens. Hier matin, un communiqué du bureau du premier ministre annonçait le report de la visite que devait effectuer demain à Washington Ariel Sharon, pour y rencontrer George Bush à la maison-blanche. Selon la radio publique israélienne, l'annulation du voyage est motivée par la volonté du général Sharon “de superviser personnellement la lutte contre le terrorisme”. L'échec de la première rencontre Sharon Abou Mazen augure de la poursuite des attentats suicide palestiniens et des incursions militaires israéliennes, ne laissant aucune place au dialogue de paix entre les deux parties. La déjà longue liste des victimes palestiniennes, 2 450 depuis le début de l'Intifadha en septembre 2000, n'est pas près d'être close. Israël, qui n'est nullement disposé à faire des concessions, comme le montrent les quatorze réserves qu'elle a apportées à la “feuille de route”, ne cherche qu'une occasion pour poursuivre ses opérations de colonisation mettant la communauté internationale devant le fait accompli. Elle profite de la protection et de la bénédiction de l'oncle Sam. K. A.