Des rassemblements ont été observés, hier, dans les quatre coins du pays au niveau des kasmas et mouhafadhas. Le mécontentement est en train de prendre de l'ampleur au sein du conseil national du FLN. Les candidats malheureux, membres du CN, ont déterré la hache de guerre. Ils attendent, de pied ferme, la prochaine session pour étaler leur linge sale. Depuis l'annonce des listes de candidatures, élaborées à huis clos et unanimement contestées par les militants, un vent de dissidence a commencé à souffler dans la maison FLN. La raison invoquée est toute simple: on reproche à Belkhadem d'avoir fait une entorse aux statuts du parti, adoptés par l'instance suprême qu'est le congrès. On cite particulièrement les articles 15 et 16. L'article 15 stipule: «le conseil national élabore la stratégie et le programme électoraux». Alors que l'article 16 est plus explicite puisqu'il soumet toutes les candidatures aux instances élues «à l'avis de la base sous la supervision des instances supérieures, sur la base des clauses des statuts et du règlement intérieur du parti, selon des critères définis au préalable par le conseil national». Les contestataires reprochent à la direction d'avoir bafoué les textes fondamentaux qui régissent la hiérarchie et l'organisation du parti à tous les échelons. Ils comptent demander des explications au secrétaire général, lors de la prochaine session qui devrait se tenir en avril mais qui sera reportée en raison des échéances électorales. Belkhadem a estimé qu'il suffisait de convoquer l'instance exécutive pour pallier le conseil national qui est pourtant l'instance suprême entre deux congrès. Les mécontents parmi les membres du CN considèrent que le secrétaire général n'avait aucune raison de transgresser les textes du parti, d'autant qu'il s'agit d'un rendez-vous électoral capital. Il ne pouvait donc confier l'élaboration de la stratégie électorale à une commission qui n'est pas déléguée par le CN. Pareil pour le programme électoral qui devait émaner d'une commission rattachée au CN. Mais le pire se situe dans la méthode. Il est vrai que la politique n'est pas une science exacte, mais la méthode choisie par la direction pour la confection des listes de candidatures, a été des plus mauvaises, soutiennent-ils. On relève, par exemple, que la notation des fiches se serait faite d'une manière «hasardeuse». On a donné des points à ceux qui ont déjà eu des mandats de député ou exercé des fonctions de responsabilité dans les structures du parti. En conséquence, «la mécanique froide» ne pouvait que privilégier les anciens et desservir les nouveaux cadres qui sont beaucoup plus compétents que leurs prédécesseurs. Belkhadem dit que le secrétariat de l'instance exécutive a été injuste envers beaucoup de militants. Il ne sert absolument à rien de s'excuser quand tout le monde sait que les listes n'ont pas été entièrement finalisées au moment où il tenait sa conférence de presse. Il a déclaré mettre les listes à la disposition des journalistes ou encore par le biais du site du FLN. Mais personne n'a pu avoir accès à ces listes qui semblent renfermer la pierre philosophale. Certaines indiscrétions révèlent que le président Bouteflika n'a pas changé les listes du FLN, à l'exception d'un nom ou deux qu'il a contestés en parcourant en diagonale les listes qui lui auraient beaucoup déplu. Belkhadem a lancé, lundi, devant les journalistes ébahis: «Je laisse la liberté au Président de désigner qui il veut». Pourtant, la question posée concernait seulement sa propre candidature. Il a dû recourir à la presse, présente en force, pour transmettre un message codé au président, relèveront certains observateurs attentifs. L'autre argument avancé par les contestataires concerne le respect des critères. On sait désormais que les candidats, du moins les têtes de listes, ne les remplissent pas puisqu'ils n'ont pas subi le système des notations. Il y a enfin le pourcentage des candidats universitaires, de plus de 75%, avancé par Belkhadem et que les listes retenues ne reflètent pas fidèlement. La prochaine session ordinaire du conseil national du FLN promet d'être houleuse. Les membres du CN attendent les résultats du scrutin pour armer leurs fusils. Leurs pronostics sont des plus alarmants. Ils s'attendent à une déroute certaine du parti parce que, suppose-t-on, la majorité des candidats n'a pas la popularité annoncée. Les données transmises par les superviseurs sont, dans la plupart des cas, erronées, relève-t-on. Il n'y a pas eu non plus de sondages effectués, comme cela a été prétendu, précise-t-on. Mais il faudra attendre le jour J.