Aït Ahmed a appelé au boycott du rendez-vous du 17 mai. Sera-t-il entendu? En attendant que le ministère de l'Intérieur valide les listes électorales déposées par les partis politiques et les indépendants qui prendront part aux joutes du 17 mai prochain, l'examen des dossiers durera une quinzaine de jours, entre-temps les concurrents peaufinent leurs stratégies respectives. La campagne électorale connaîtra son coup de starter le 25 avril en cours. Elle donnera l'occasion aux candidats de se lancer dans l'arène et prendre part à la bataille de la récolte des voix et de la mobilisation de l'électorat. Les citoyens seront travaillés au corps dans les meetings et à travers les mass-médias lourds, la télévision et la radio. La chose politique, absente du quotidien des Algériens durant des années, envahira tel un tsunami leur quotidien difficile. La société entière sera travaillée au corps par des discours enflammés et des promesses captivantes. Tous les moyens sont bons pour s'attirer la sympathie du peuple. Les murs seront bariolés aux couleurs partisanes, les slogans identificateurs des protagonistes résonneront sur les ondes des radios et dans les spots de la TV. De quoi donner un air de kermesse à l'événement. Mais autour de cette ambiance bon enfant, le quotidien des Algériens ne changera pas d'un iota. Les discours ne feront pas oublier la douleur d'un quotidien de plus en plus insupportable. L'une des curiosités de ce scrutin annoncé sera le comportement des forces politiques qui ont décidé de nager à contre-courant du fleuve électoral. Le FFS de Hocine Aït Ahmed, les militants d'El Islah restés fidèles au leader Abdallah Djaballah qui a déjà consommé deux partis politiques (forcé à le faire par ses anciens compagnons), et qui seraient tentés par un parrainage d'un petit parti politique et une aile dissidente du MDS emmenée par Ahmed Méliani qui ne partage pas la ligne de conduite de son camarade Hocine Ali, l'actuel secrétaire général du parti. Ce qui donne au boycott une connotation multipartisane idéologiquement antinomique. Pour la première fois dans l'histoire post-indépendance de l'Algérie, un courant de gauche (héritier de la pensée communiste), un autre issu de l'islamisme pur et dur et le pionnier de l'opposition démocratique en Algérie, se rejoignent sur une position politique décisive, à savoir les législatives. Mais alors qu'est-ce qui fait que de telles forces politiques se retrouvent dans les mêmes tranchées avec un même idéal politique: faire barrage au renouvellement de la composante de l'APN? C'est dire toute la complexité de la vie politique en Algérie et des enjeux qui animent la démarche des uns et des autres. La démocratie est aussi la liberté de ton et la diversité de l'action politique. Même s'il reste bien des étapes à franchir, les Algériens avancent dans le processus d'apprentissage de l'exercice démocratique. L'implication d'anciennes figures du Mouvement culturel berbère dans ces joutes, référence nationale en matière de combat démocratique en Algérie, avec à leur tête un certain Saïd Khellil, tête de liste indépendante à Tizi Ouzou qui n'a pas été retenue par l'administration locale, mais qui n'a pas renoncé à prendre part à la bataille de Tizi Ouzou en soutenant une autre liste de candidats qui soit proche de la ligne politique qu'il défend, risque de brouiller aussi bien les cartes du FFS que celles du RCD et du dernier-né, l'Alliance républicaine qui regroupe l'UDR de Amara Benyounès, le MDS (aile de Hadj Hocine) et de l'ANR, parti de Réda Malek. L'ancien militant du FFS peut se targuer d'avoir gardé sa popularité intacte auprès des citoyens de la région et de ceux qui ont eu à suivre son parcours politique. Quant à l'appel au boycott lancé par cheikh Abdallah Djaballah, il risque tout simplement d'avoir des répercussions au niveau de la représentativité du courant islamiste dans l'hémicycle Zighoud Youcef. Déjà mis à mal par le positionnement du MSP dans les cercles du pouvoir et l'interdiction d'exercice de la politique signifiée aux anciennes figures de l'x-FIS, l'électorat islamiste risque de bouder les urnes. Une aubaine pour le FLN qui voit, déjà, sa politique de rapprochement auprès des citoyens donner ses fruits. Le 17 mai marquera-t-il le grand retour du FLN et son hégémonie sur la vie politique nationale comme au bon vieux temps? A moins que le PT, qui s'est beaucoup investi dans la défense des droits des citoyens et des secteurs sensibles de l'économie algérienne, engrangeant au passage un capital sympathie considérable auprès du peuple, ne rafle la mise avec l'apport de la gent féminine, le véritable cheval de bataille du Parti des travailleurs.