Du rejet quasi unanime, la région est passée à une participation consensuelle. La période préélectorale s'est achevée dimanche à minuit. Elle a été sanctionnée par le verdict de la commission électorale quant à la participation aux joutes électorales du 17 mai prochain. Ce verdict qui a fait, certes des heureux et des malheureux, n'est pas sans indiquer une évolution de la situation en Kabylie. La situation politique dans la région a véritablement évolué. C'est le moins qu'on puisse dire si l'on considère son passé récent. Du rejet quasi unanime la région est passée à une participation consensuelle, si l'on excepte le boycott du FFS. Dans tous les cas de figure, la région vivra un scrutin le plus calme de ces dernières années. La sérénité qui a caractérisé cette période durant laquelle le citoyen a fait l'objet d'une sollicitation sans précédent pour le parrainage, indique à elle seule, que les choses ont évolué positivement pour certains et négativement pour d'autres. On explique ici et là que la population de la région n'accorde plus d'intérêt à la chose politique sur fond d'une perte de confiance à l'endroit des acteurs politiques. «De la violence qui l'a toujours marquée en pareille période, la Kabylie est passée au stade plus calme, sans toutefois verser dans l'emballement car on est loin, très loin du vote massif», ce constat fait par un observateur s'applique parfaitement à la situation actuelle. Deuxième élément marquant cette évolution dans les esprits, reste cet engouement pour la participation. Il était tel qu'il a voilé presque l'option du boycott du FFS. Près de 40 listes ont retiré les formulaires de participation. Cet engouement, jamais vu à Béjaïa, n'a cependant pas manqué de porter un discrédit au statut de député de par la qualité des prétendants et leurs inconséquences politiques. La morale politique a été sérieusement mise au second rang chez ces prétendants. On aura tout vu, en effet. Des gens qui, de tout temps, ont décrié les partis politiques, leur font appel à présent pour parrainer leur participation. C'est le cas de Ali Gherbi qui se présente sous la chapelle du Pnsd et de Zahir Benkhellat qui a choisi le parti de Saïd Sadi. Ces deux derniers ont longtemps été opposés aux élections et ont fustigé la classe politique en général, les partis et les partis traditionnels dans la région en particulier. Leurs camarades de la Cicb, traditionnels farouches aux élections, ont opté pour une participation en solo dans une liste indépendante, repêchée, après un recours déposé au lendemain du verdict de la commission électorale de wilaya. L'inconséquence des politiques est à relever aussi chez ces têtes de listes indépendantes données «dissidentes» mais que leurs partis d'origine estiment qu'ils n'ont jamais été démissionnaires. Il sont issus du RCD et du PST. On exceptera dans ce cas de figure, le maire d'Amizour qui a fait l'objet d'une exclusion du RCD, tout récemment. La défense des valeurs démocratiques est à relever là où on ne l'attendait plus. Elle est, en effet, présente chez les militants du FLN. Ces derniers se sont révoltés contre «l'usurpation» de leur choix par la direction nationale. Même si le fait d'imposer des listes est général chez l'ensemble des partis, il reste que seuls les militants et cadres du FLN en arrivent à contester cette mise devant le fait accompli. Trois femmes figurent en tête de liste à Béjaïa. C'est une autre évolution dans les mentalités. Aussi paradoxalement que cela puisse paraître, c'est un parti islamiste qui mise sur une femme. Mme Aicha Meslem défendra les couleurs d'El Islah. Les partis de gauche, le PT et le MDS, ont respectivement misé sur Mme Faïza Mokrani et Mme Aoudj Dalila. Cette dernière s'en va en course contre ses anciens camarades, en l'occurrence Djamel Ferdjellah, tête de liste RCD et Méziane Belkacem, Hamou Mansouri, deux dissidents du RCD. Le PST revient en misant sur un militant fort connu dans le monde du travail, en l'occurrence Mohamed Sadek Akror. Du retour des uns, aux choix des autres en passant par l'inconséquence d'une bonne partie des candidats, la Kabylie renoue avec les élections sur fond d'indifférence et il sera difficile aux prétendants à la magistrature de défaire ces listes. La campagne s'annonce timide. Les prémices de la fraude sont là et l'emballement n'est pas encore à l'ordre du jour. L'essentiel pour l'homme de la rue, soit celui qui n'est sollicité que dans pareille conjoncture, est le retour au calme. Pourvu que la sécurité perdure. C'est là, tout l'espoir de la population de la Kabylie.