Le FLN est toujours dans la zone des tempêtes. A Tizi Ouzou, la colère sourde est en train de se matérialiser en une protesta qui risque fort de mobiliser beaucoup de militants. Dès l'annonce de la liste de ce parti, une houle des plus grosses a saisi la base, une base qui a eu bien du mal à revenir sur scène, après s'en être retirée à la faveur des événements d'Octobre 1988. Les militants ont «résisté» à toute une foule de pressions et aussi à l'envie d'aller voir ailleurs durant cette ouverture politique. Le FLN qui a eu à gérer une grosse crise il y a peu, revient cette semaine avec une autre grosse crise celle des listes électorales, des listes, semble-t-il, élaborées ailleurs et parachutées dans des wilayas qui n'en croient pas leurs yeux. A Tizi Ouzou, la base du FLN ne décolère pas et a, ainsi, décidé de le faire savoir haut et fort. Ainsi, et dès aujourd'hui, les militants sont appelés à un sit-in devant la mouhafadha et d'ores et déjà, les kasmas du parti ont baissé rideau. D'autres voix vont jusqu'à prédire au parti une véritable Berezina, lors du prochain scrutin. Le FLN qui se proposait de progresser et de revenir par la grande porte aux affaires, va ainsi, si les choses se présentent comme elles semblent se dessiner, devoir revoir ses ambitions à la baisse, et quelle baisse! Les militants les plus acharnés semblent être ceux-là qui ont le FLN aux tripes; l'un d'eux un ancien moudjahid pour qui le FLN est l'héritier de celui qui a conduit l'épopée libératrice, affirme que «la composition de cette liste est contraire aux voeux de la base et ce ministre tête de liste on ne le connaît finalement que comme ancien wali de la région. Il aurait pu aller dans sa région et éviter ainsi au parti cette déconvenue qui risque fort de l'emporter». Les autres «mécontents» sont bien sûrs ceux-là qui furent connus comme des «benflissistes». En fait, des militants qui se considèrent comme appartenant à la branche la plus légale du FLN, se disent «exclus de toute activité partisane et surtout des listes électorales, nous sommes en fait des pestiférés», dira un de ces militants qui requiert l'anonymat. Cependant, tous prennent la précaution d'affirmer que «contrairement à ce que prétend M. Belkhadem, le président de la République n'a rien à voir avec ces grenouillages dignes du temps du parti unique». La grosse pagaille qui règne dans les rangs de ce parti, à la veille des législatives, va certainement profiter aux autres.