En réponse au bouillonnement de la base militante, le FLN fait actionner ses «comités de soutien» qui commencent à se constituer à travers le pays; une façon de contrecarrer la colère des militants. La grogne s'amplifie au sein du parti du FLN. Elle prend même une allure de crise aiguë. Aucune wilaya n'est épargnée par cette «tempête» qui risquerait de faire perdre au vieux parti sa «majorité» lors des prochaines législatives. L'heure est grave et la mobilisation est générale. Au siége du parti, l'alerte est au rouge. On veille au grain, de jour comme de nuit, pour désamorcer la crise. A Skikda, Saïda, Oran, Tizi Ouzou, Béjaïa...pour ne citer que ces wilayas, le mot d'ordre est le même: non aux listes de candidatures élaborées par la direction nationale du parti. Si certaines kasmas se veulent «légalistes» préférant s'en remettre au secrétaire général du parti, dans l'espoir de voir la liste de candidatures revues, d'autres n'hésitent pas à radicaliser leur position. Le porte-parole du parti, M.Saïd Bouhadja, qui a pris attache avec notre rédaction «pour répondre à certaines questions» admet que «la grogne est légitime», sans toutefois vouloir lui donner «une ampleur qu'elle ne mérite pas.» Pour notre interlocuteur, qui cache mal le malaise qui ronge sa formation, la grogne qui sévit dans certaines régions est le fait d'«individus» et n'engage en aucun cas les structures du parti. Cependant, en réponse au bouillonnement de la base militante, le FLN fait actionner ses «comités de soutien» qui commencent à se constituer à travers le pays; une façon de contrecarrer la colère des militants. Dans son action de riposte, M.Bouhadja parle de la société civile, représentée par les organisations de masse du parti. Or, il est de notoriété publique que le recours aux comités de soutien est dicté par une situation d'exception. Quand un parti politique ou une organisation fait face à une contestation. Une question légitime s'impose, comment un parti majoritaire qui prétend contrôler toutes les structures de base recourt-il à des comités de soutien? Ce qui s'inscrit, non seulement, en violation avec les statuts du parti, mais surtout atteste de la situation de panique générale qui s'est emparée de la direction de M.Belkhadem. A noter que les réactions hostiles à la démarche de l'actuel secrétaire général du parti se poursuivent. La dernière réaction en date émane de pas moins de 15 kasmas de la wilaya de Saïda. Dans un communiqué rendu public, hier, les kasmas, cadres, militants et sympathisants du parti FLN, après avoir pris connaissance de la liste de candidatures de cette wilaya, ont tenu à «dénoncer catégoriquement le choix décidé par la direction nationale du parti à travers des personnes qui ont été de tout temps en porte-à-faux avec le FLN». A l'instar des autres kasmas et mouhafadhas contestatrices, celles de Saïda considèrent que «la liste décidée unilatéralement et imposée sans la moindre consultation avec la base militante, permet de déceler que le choix des candidats ne répond nullement aux intentions des militants et de l'ensemble de l'électorat de la wilaya, en ce sens qu'il n'exprime plus leurs aspirations». Un choix que les militants qualifient «de véritable déviation politico idéologique des principes et idéaux qui ont régi et régissent encore notre parti, et que consacrent les différents textes et résolutions du 8e congrès réunificateur». A ce propos, M.Bouhadja soutient le contraire; pour lui, ce sont les candidats, qui, contrairement aux statuts du parti ne veulent pas se soumettre à la commission nationale de candidatures du parti, qui a toutes les prérogatives d'élaborer les listes de candidatures conformément à des critères objectifs. «Tous les candidats se sont engagés à respecter leur classement sur les listes» affirme M.Bouhadja. Les contestataires de Saïda estimant que les candidats retenus ne font nullement l'unanimité au sein de la population, citent, en exemple, le cas de cet ancien militant du parti exclu en 1997 par l'ancien secrétaire général pour avoir conduit une liste indépendante et qui sera retenu dans la liste locale du parti, et ce, «en totale contradiction avec les statuts et règlements du parti.» lit-on dans le communiqué des militants FLN de Saïda. Par ailleurs, et à l'image d'autres wilayas du pays, à Saïda on dénonce l'exclusion de plusieurs localités qui n'ont pas été représentées dans les listes de candidatures. Que compte faire la direction du FLN devant cette situation inextricable? va-t-elle engager un dialogue avec les contestataires, ou plutôt entretenir le pourrissement? Par ailleurs, nous apprenons de sources dignes de foi que les listes dans certaines wilayas ne sont pas encore avalisées par les walis. C'est le cas de la liste FLN à Chlef bloquée pour la simple raison que le N°2 de la liste n'a pas été désigné par la base. Idem à Khenchela où la grogne s'est amplifiée, et les militants menacent même de boycotter le prochain scrutin, alors que d'autres envisageraient de recourir à un vote sanction, soit en faveur du RND ou des listes indépendantes. C'est le cas, notamment, dans les wilaya de Béjaïa et de Tizi Ouzou. Dans cette dernière wilaya, des militants de plusieurs kasmas ont tenu un rassemblement devant le siège de la mouhafadha durant lequel ils ont exprimé leur mécontentement contre «la manière» avec laquelle les responsables du parti ont confectionné la liste des candidatures aux élections législatives. Pis, selon les contestataires, une grande partie du territoire de la wilaya n'est pas représentée dans ladite liste comme Larbaâ Nath Irathène, Béni Yenni, Ouacifs, les Ouadhias, Maâtkas, Tigzirt. Pour maintenir la pression, un autre rassemblement sera organisé, jeudi prochain à 10 heures, devant la mouhafadha. D'ici-là, les «frondeurs» se sont entendus, d'un commun accord, à faire un travail de sensibilisation dans les communes en vue de rallier le maximum de kasmas à leur cause. Même constat à Béjaïa où les militants ont décidé, carrément, de boycotter le prochain scrutin. Que compte faire M.Belkhadem? Un dialogue serait-il ouvert avec les militants contestataires? La réponse de M.Bouhadja est on ne peut plus sèche: «Nous ne dialoguons pas avec des individus, mais avec la société»