Les locaux du jardin d'enfants de «l'Esplanade Ifriquia» mitoyenne du Palais du gouvernement ont été complètement soufflés. A notre arrivée, un gardien posté devant les grilles que nous arrivons à franchir était affolé. L'explosion d'une intensité inouïe a surpris les 80 enfants «pensionnaires» des lieux alors qu'ils vaquaient à leurs occupations. Aussitôt, les parents sont accourus. La directrice du centre a été submergée. «Je ne savais pas qui étaient les parents de quels enfants. Je me suis opposé à ce qu'ils les récupèrent. J'avais peur que cela ne soit pas leurs vrais parents». Un jeune étudiant complètement choqué arrivait à peine à articuler quelques mots; «J'étais dans le bus du Cous...où sont mes copains?» Pris de soubresauts, qu'il n'arrivait pas à contenir, une jeune femme lui rafraîchit le visage alors que deux employés du centre le soutiennent. Le jeune homme toujours choqué est dirigé vers un véhicule des sapeurs-pompiers. «Tes copains ont été dirigés vers l'hôpital et ils sont en vie» lui confie-t-on pour le rassurer. A l'intérieur du réfectoire et des salles de classe, c'est une atmosphère d'apocalypse qui règne. Les vitres ont été entièrement soufflées, les portes arrachées, les débris de verre craquent sous nos pas. Sur les porte-manteaux sont toujours accrochés les vêtements d'enfants. Leurs jouets jonchent le sol. Des stylos et des cahiers sont éparpillés sur les tables de travail. Ils ont entre 2 et 5 ans. 3 d'entre eux ont été blessés et une dizaine évacués vers l'hôpital. Les éclats de verre ont fait quelques dégâts sur les frêles visages de ces petites têtes blondes. La directrice du centre lève les bras au ciel; elle remercie cette protection divine. Les enfants n'ont subi que des blessures légères. «Au moment de l'explosion, j'ai pensé à un séisme, un tremblement de terre du même genre que celui de Boumerdès. J'ai senti que le plafond nous tombait sur la tête. C'étaient les éclats de vitres», nous décrit-elle. Nous sortons des locaux dévastés. La police scientifique arpente le jardin, ramassant des indices, des bouts de ferraille qui ont été projetés depuis les lieux de l'attentat. Une grille de barreaudage a été arrachée. Elle renseigne sur l'intensité et la puissance de l'engin qui a explosé. Les policiers rebroussent chemin par cette «issue» de circonstance et se dirige à l'intérieur du Palais du gouvernement où trois étages complètement détruits nous font face.